Gérard Manset. Sorte de figure souterraine de la chanson et du rock français, très apprécié de ses pairs mais moyennement connu du grand public. Il est pourtant présent depuis 1968 et sort à un rythme régulier des albums (21 à ce jour) au style singulier et à l’écriture unique. Mais entre ces parutions, l’homme reste discret, voire secret. Peu d’apparitions publiques, peu d’interviews, jamais de concert, au désarroi de fans qui le suivent pas à pas (ses ventes d’albums demeurent stables). Un homme étrange qui travaille en solitaire, écrit, compose, joue de tous les instruments, produit. Exigeant au point de vouloir faire mettre au pilon d’anciens albums dont il n’est plus satisfait ou de refaire certaines chansons.
C’est par l’intermédiaire d’un autre artiste à la marge de la culture française que Léopoldine Hummel et Maxime Kerzanet ont entendu sa voix pour la première fois : « C’était au cinéma. Pendant la dernière scène de Holy motors, de Leos Carax, on entend la chanson « Revivre ». On a vu le nom au générique et en sortant, on est allé acheter un best of. Puis on s’est mis à chercher ses anciens vinyles ».
Il n’est pas rare de tomber de la sorte dans l’univers de Manset. Il l’est plus de vouloir le mettre en scène. Mais LĂ©opoldine et Maxime sont eux-mĂŞmes artistes de théâtre et musiciens La première est passĂ©e par le Deust théâtre de Besançon et l’école de comĂ©die de Saint-Etienne, le second par le conservatoire national supĂ©rieur d’art dramatique. Ils se sont rencontrĂ©s Ă Pontarlier Ă l’occasion d’un festival des Nuits de Joux. On voudrait revivre est une crĂ©ation commune qui a Ă©voluĂ© depuis 2014. « A l’origine, c’était une petite forme pour une carte blanche au festival de caves raconte LĂ©opoldine. On Ă©tait tombĂ© amoureux de la musique de Manset, de sa manière de crĂ©er, du format long de certaines de ses chansons, de leur poĂ©sie et on voulait en faire quelque chose sur scène. Maxime a imaginĂ© une forme de parcours autour des chansons. Petit Ă petit, le spectacle a grandi et on a demandĂ© Ă ChloĂ© Brugnon, rencontrĂ©e au CDN de Reims, de faire une mise en scène pour une plus grande forme ».Â
Retour à Besançon
Le spectacle a été monté à Avignon puis est parti en tournée, « et nous voilà de retour à Besançon ! ». Léopoldine y est connue pour avoir chanté et enregistré avec son groupe Léopoldine HH. Mais là , il s’agit de reprendre une œuvre particulière et apparemment bien gardée. Actuellement, le spectacle tourne autour d’une dizaine de chansons de différentes périodes de Manset. « Au départ, on s’est retrouvés à jouer devant des fans du chanteur qui avaient entendu parler du spectacle. Certains ont même fait des kilomètres ! Les premières réactions étaient du genre « on vient se rendre compte que vous ne faites pas n’importe quoi avec ses chansons !» ». Apparemment, ils ont eu l’aval de cette congrégation. Plus étonnant, à force d’insister auprès de sa maison de disque, ils ont réussi à entrer en contact par mail avec Gérard Manset. « Il nous a répondu être touché par notre démarche, nous a donné totale liberté et nous a souhaité plein de bonnes choses avec ce spectacle ! » Est-il lui-même venu le voir incognito ? Qui sait ?
Stéphane Paris
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