Ali, 30 ans, en 3e année de doctorat en design industriel, se prête à l’utilisation de la technologie “faceLABtm” développée en France par l’entreprise TEA de Vandoeuvre-les-Nancy. Cette technologie utilise le numérique pour mesurer l’activité de la tête et du regard d’un sujet lors d’une activité, par exemple lorsqu’il conduit. Ce qui permet d’améliorer un produit à partir du comportement d’une personne. Un exemple parmi d’autres de l’utilisation du numérique dans les processus de conception et pas seulement destiné aux tests, puisqu’il pourrait à terme être embarqué sur les véhicules afin de prévenir les moments de déconcentration, d’hypovigilance.
“Les responsables d’entreprise consultés ont indiqué que la filière Edim correspond à des besoins, en particulier dans les secteurs du transport, de l’équipement domestique, du sport et du jouet où l’ergonomie et le confort d’usage sont des données majeures” signale-t-on à l’UTBM (Université de technologie de Belfort-Montbéliard). Indice que la formation s’inscrit dans un réel marché d’emplois, chez un grand constructeur automobile français, la conception de l’intérieur des véhicules nécessite une équipe de 100 personnes dans le seul domaine “ingénierie, ergonomie et design”. Parmi eux, 50 ingénieurs que l’entreprise doit actuellement former sur le tas. Dans ce cadre, l’enseignement de l’UTBM bénéficie d’un point très fort, l’apport industriel et structurel du pôle de compétitivité Véhicule du futur Franche-Comté/Alsace.
La nouveauté, en France, est de proposer une formation d’ingénieurs en mécanique “associant intimement l’ergonomie et le design”. Une idée développée depuis 40 ans à Loughbourough (Angleterre) et une dizaine d’années à Delft (Pays-Bas), que l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard met en place après avoir étudié ce qui se fait de mieux à travers le monde. L’idée : penser à la présence fondamentale du futur utilisateur dès la préconception d’un produit et tout au long de son processus de fabrication. “Les élèves doivent avoir en tête qu’ils font un produit qui va être utilisé par des hommes” insiste Jean-Claude Sagot, responsable de ce nouveau département Edim.
Le but : rendre les outils, les produits plus agréables, plus fonctionnels, plus “utilisables”, plus sûrs, plus efficaces. Que ce soit dans le domaine domestique ou dans celui du travail, avec des effets escomptés sur la santé, les accidents, les maladies professionnelles.
Le moyen : utiliser le numérique afin d’intégrer le maximum de données relatives à l’utilisabilité, à la performance et de coller au plus près à la réalité du futur produit, en y intégrant donc les caractéristiques, besoins et attentes des futurs utilisateurs. Les applications sont très vastes, de l’amélioration de n’importe quel poste de travail à la conception du véhicule du futur (pour lequel a été mis en place un pôle de compétitivité Alsace - Franche-Comté). Du perfectionnement d’outils traditionnels tels un sécateur de jardinier, un sac à dos ou une selle de vélo dont le changement de forme peut entraîner de meilleures conditions d’utilisation à l’élaboration de nouvelles technologies. “Aujourd’hui, il faut avoir bac+10 pour utiliser certains produits qui nous entourent, à l’image des téléphones portables. Les technologues ne se mettent pas à la portée de l’usager moyen. C’est pour éviter ce genre d’aberration que l’on met en place cette formation” souligne Jean-Claude Sagot.
Il espère attirer des élèves vers ces technologies d'avenir. Car c'est un fait, “la désaffection des études scientifiques concerne tout le monde, y compris les grandes écoles. On le ressent à l’UTBM, même si on est moins touchés parce que nous avons un système de modules intégrant sciences, techniques et méthodes, culture générale, langues étrangères et qui permet à chacun de construire son parcours. On peut sortir d’une prépa, d’un DUT, d’un Deug et venir s’adapter aux cursus proposés. Pour l’ouverture de la première des 3 filières Edim, à savoir “ergonomie, design ingénierie numérique”, nous avons eu 33 inscrits, ce qui est un bon chiffre”. Regret cependant, la difficile féminisation des élèves ingénieurs. L’UTBM ne compte par exemple actuellement que 12 % de jeunes filles.
S.P.
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