Actuellement créateur d'emplois, le secteur des services aux personnes et de l'aide à domicile n'est pas spécifiquement destiné au milieu rural. Mais là comme ailleurs, différentes évolutions engendrent un développement de l'activité : augmentation de la population âgée, souhait de cette dernière de rester à domicile, mesures de l'Etat en faveur des emplois de proximité... A la campagne, l'association ADMR (aide à domicile en milieu rural) est la principale à fournir des prestations de ce type. Au siège de la fédération du Doubs, à Valdahon, Pascal Garnier confirme « un fort développement des activités depuis le début des années 90, auquel on a même parfois du mal à répondre ». Animateur à la vie associative d'une association présente depuis 50 ans dans le Doubs, Pascal Garnier a vu émerger récemment de nouvelles demandes : la téléassistance qui permet de relier les personnes âgées ou seules à une centrale d'écoute et de leur faire bénéficier d'une assistance très rapide en cas de besoin, le portage de repas à domicile ou encore divers services comme la coiffure, les courses...
Histoire de la campagne française
En répondant à ces besoins , l'ADMR a suivi l'évolution du monde rural. Son histoire permet de retracer celle de la campagne française : « Au départ, les aides familiales étaient chargées de travailler auprès d'un public agricole de familles nombreuses. Elles aidaient la mère pour que celle-ci puisse travailler sur l'exploitation. Dans les années 70, l'aide ménagère avait plutôt pour rôle de faire le ménage chez les personnes âgées qui se retrouvaient seules : auparavant, elles vivaient sous le même toit que leur famille mais ce n'était plus le cas parce qu'il y avait de moins en moins d'enfants et surtout beaucoup de départs de la campagne. »
Aujourd'hui, la typologie de l'aide à domicile distingue quatre métiers : les auxiliaires de vie aident les personnes handicapées très dépendantes, les aides ménagères aux personnes âgées leur apportent un appui (ménage, courses, cuisine, entretien...) et un soutien moral, les auxiliaires familiales fournissent une aide aux tâches ménagères à des familles qui en ont besoin et les travailleuses familiales interviennent ponctuellement dans des situations particulières difficiles (décès, maladie...). A l'ADMR, il existe aussi un service de soins infirmiers à domicile assurés par des aides soignants diplômés.
Etre disponible, aimer les contacts
« Dans tous les cas, ces métiers comprennent un accompagnement psychologique et relationnel important souligne Pascal Garnier ; il ne s'agit pas seulement de faire du ménage. Quand on travail à domicile, on entre dans l'intimité des gens. Il y a forcément une complicité qui s'installe, voire des confidences. Pour cette raison, la première des qualités à posséder est la discrétion ». L'association a mis en place une sorte de code de déontologie, afin de remplir au mieux son idée maîtresse, « maintenir le plus souvent les gens à domicile dans de bonnes conditions ». Le personnel d'intervention doit respecter un certain nombre de consignes visant à rendre les services fournis respectueux et de qualité. Il est par exemple recommandé « d'aider et non assister, de faire preuve d'une honnêteté absolue, de respecter les cultures, opinions politiques et religieuses des usagers ou de refuser toute gratification personnelle... »
« Mais ce qui fait la force de l'ADMR, c'est la proximité qui passe par la connaissance des gens, de leurs besoins, une communauté de contextes familial et local, les mêmes racines... ajoute Pascal Garnier. Il y a également un certain esprit associatif, avec l'idée de solidarité, de philosophie non marchande. Il faut y faire attention lorsqu'on parle de «demande importante» ou de «gisement d'emplois» : des organismes privés peuvent vouloir se lancer parce que c'est «juteux» dans les bourgs centres, mais iront-ils dans les fermes isolées? Nous le faisons parce que nous cherchons à rendre service avant de vouloir faire du profit ». Ces descriptions cadrent un profil où qualités humaines (disponibilité, contact...) et expérience sont plus importants que les diplômes. D'ailleurs, ces derniers sont peu nombreux : certificat d'aptitude - réservé à ceux qui ont déjà un emploi -, mention complémentaire qui n'existe que depuis 1997 et Bepa service aux personnes.
Stéphane Paris
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