novembre 2004

«L'enseignement technique offre aussi des perspectives»

Roland Boschiéro est l'actuel président de la section Nord Franche-Comté de l'association française pour le développement de l'enseignement technique (AFDET). Point de vue.
Photo Laurent Cheviet

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Le souci principal de l'AFDET est-il l'orientation des jeunes ?
C'est plutôt : «tout le monde doit sortir du système scolaire avec une profession». L'objectif fondamental de l'Education nationale est de donner une autonomie aux jeunes qui lui sont confiés. Cela passe entre autres par l'apprentissage d'un métier. Dans cet esprit, à travers les actions «journées de métiers» nous informons les élève de 4e sur 3 filières : le BTP, le bois et la transformation des métaux. Rappelons qu'en 4e, le programme de techno prévoit une découverte des métiers. Nous complétons l'information donnée par les enseignants et les CIO, en apportant une vision des métiers plutôt côté «terrain», en donnant des infos sur la vie professionnelle et industrielle au quotidien. Dans notre zone, nous nous rendons 2 jours dans chaque collège au cours de l'année. Avec une présentation audiovisuelle, une exposition de dessins industriels et des débats où nous ex-pliquons l'importance des métiers techniques dans notre vie. En montrant que presque tout ce qui nous entoure vient d'eux...

Mais ces filières offrent-elles des emplois ?
Actuellement, le monde du travail, sur ces 3 filières, est demandeur. Le bâtiment est demandeur et, à travers lui, l'agencement, la menuiserie le sont aussi. Et la transformation des métaux est aussi en forte demande. On a besoin de chaudronniers, de tourneurs... Et il faut signaler que le marché de l'ouvrier spécialisé a beaucoup évolué du fait de la mécanisation, qui a pour effet d'éliminer la pénibilité de nombreux travaux. Mais le problème est que les jeunes ne le voient pas, ils ne connaissent pas l'environnement des métiers, ils ne les voient pas dans la rue comme cela pouvait être le cas avant. Avec nos actions, nous essayons de leur montrer cette réalité.

Il y a du travail, mais ce sont des secteurs très dépendants de la conjoncture.
C'est vrai que la situation du monde du travail est beaucoup moins stable qu'elle ne le fut. Mais il faut faire avec. Moi-même, j'ai souvent changé dans ma carrière, il faut se dire qu'on ne restera peut-être pas tout le temps au même endroit. Mais nous ne sommes pas devins, il n'est pas évident de dire ce que sera l'économie demain. Je répète que l'objectif, c'est d'abord d'aider les jeunes à sortir du système scolaire avec une profession.

Mais ces filières gardent l'image de métiers sans perspectives d'évolution.
Pourtant, en France, la grande majorité des chefs d'entreprise a pour seul diplôme un CAP, ce qui prouve que les possibilités existent. La promotion sociale peut se faire à travers des structures mais aussi par soi-même. Et désormais la formation continue et de nouveaux dispositifs comme la validation des acquis de l'expérience ouvrent des perspectives intéressantes pour les salariés. L'ouverture existe dès les études : l'enseignement technique a cette particularité que le premier diplôme qu'on y passe, le CAP, est déjà un diplôme d'insertion dans la vie professionnelle. Aujourd'hui, on peut passer un bac pro, qui est aussi un diplôme d'insertion mais qui peut également mener à un BTS et aux études supé-rieures qui suivent. Ce qui signifie que l'on peut poursuivre des études par l'enseignement technique avec la sécurité d'avoir toujours derrière soi des diplômes professionnels. Pour un étudiant de formation générale, ce n'est pas forcément le cas.

La Franche-Comté a-telle des atouts ?
Elle en a, ils sont connus. Je citerais le bois, avec le site de Mouchard qui a un recrutement national ou encore, pour le nord Franche-comté, l'UTBM qui a elle aussi des perspectives qui attirent.

Recueilli par Stéphane Paris
En photo
Au lycée Fillod, St-Amour, Jura

AFDET
Née en 1902, l'association française pour le développement de l'enseignement technique, a fait office, jusqu'en 1945 de secrétariat d'Etat à l'enseignement technique. Elle compte aujourd'hui une cinquantaine de sections en France, est reconnue d'utilité publique et possède le statut d' ONG auprès des Nations unies. La section Nord Franche-Comté à la-quelle participent des conseillers de l'enseignement technologique, des personnels des lycées professionnels et des personnes issues de l'entreprise a été réactivée en 1994. Son action ? interventions dans les collèges dans le cadre des relations école-entreprise, participation aux forums d'orientation, promotion, information et découverte des métiers (par
exemple par des visites d'en-treprises)... Récemment, l'association a mis en place un programme de visites destiné aux professeurs. Ces derniers ont accès à 5 entreprises partenaires de l'opération dans le nord Franche-Comté. L'AFDET agit également du côté de l'industrie puisqu'elle a distribué aux entreprises et établissements d'enseignement un document pour faciliter l'accueil des stagiaires. L'association étudie l'idée de donner possibilité aux parents de faire visiter leur lieu de travail à leurs enfants. Enfin, elle réfléchit à la création de maison des métiers pour regrouper les différents services de promotion des métiers que possèdent tous les ac-teurs de la filière technique. Elle souhaite également relancer les sections du Doubs et du Jura, actuellement en parenthèses. Renseignements : AFDET Nord Franche-Comté, 4 rue du Parc, 25420 Bart (tél./fax, 03.81.90.31.40).

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