Solidarité et laïcité. Deux notions fondatrices que les Pupilles de l'enseignement public ont conservé en traversant le siècle. Les PEP sont nées en 1915. L'objectif initial était de venir en aide aux orphelins de la guerre à travers une aide morale et matérielle. Plus tard, l'organisme a créé le sou des écoles : chaque mois les élèves des écoles publiques apportaient un sou pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Au cours du temps, il a évolué, créant des centres de vacances dès 1920, étendant son action aux champs médico-social, à celui du handicap ou aux classes de découverte. Toujours sous ce double sceau de la solidarité et de la laïcité. C'est ainsi qu'une des volontés fortes des PEP reste de mettre leurs 350 centres de vacances à la portée de toutes les bourses. Objectif de plus en plus difficile à tenir selon Dominique Poulot, responsable vacances des PEP du Doubs.
«Pour nous, les vacances des enfants sont un droit à défendre. A l'heure actuelle, 3 enfants sur 10 ne partent jamais. Les tarifs sont à la portée de moins en moins de familles. Nous estimons faire une mission de service public que l'Etat confie à des associations. Or la participation financière de l'Etat n'augmente pas. Du coup, au fil des ans, elle devient insuffisante par rapport à l'augmentation générale des coûts. Par exemple, les associations comme nous ont eu à mettre aux normes de sécurité leurs centres. Il y a 30 ans, il y avait beaucoup d'animateurs bénévoles, mais aujourd'hui ça ne viendrait plus à l'idée de personne d'en recruter. Ces deux exemples parmi d'autres reflètent l'augmentation des coûts, qui se répercute sur les tarifs, lesquels deviennent inaccessibles à nombre de familles. Mais notre action n'est pas suffisamment reconnue et aujourd'hui, le maintien des structures associatives telles que les nôtres est en danger. Il y a un combat à mener pour la défense des droits aux loisirs. Car si l'on disparaît, qui va s'en préoccuper ?
Quelle est la spécificité des PEP par rapport aux autres organismes de centres de vacances ?
Sans doute cette insistance sur la solidarité. Comme à l'époque du sou des écoles, nous collectons des fonds qui abondent un budget social réparti sous formes de bourses pour aider les enfants à partir. Chaque rentrée, nous menons une campagne dans ce sens. Dans les centres, on va chercher à proposer des activités qui développent l'esprit de solidarité chez les enfants. On s'inscrit contre tout ce qui peut être discriminatoire, on essaye de leur faire prendre des responsabilités. C'est un ensemble de choses, un esprit que l'on n'est pas sans arrêt à rappeler parce que ce n'est pas là-dessus que les familles vont choisir un centre, mais cela sous-tend toutes nos activités. L'objectif, c'est de faire du brassage social. Hors de l'aspect vacances, mais toujours pour insister sur cet esprit, quand un enfant perd son père ou sa mère, nous lui attribuons une aide immédiate d'urgence.
Vous parlez de brassage social. Quelle est sa réalité si l'on considère que certains enfants, qu'on peut supposer issus des familles les moins aisés, ne peuvent pas partir ?
C'est vrai que ce brassage était réel dans les années 60 et l'est moins aujourd'hui. Mais, contrairement à ce que vous supposez, ce sont surtout les enfants des classes moyennes qui manquent le plus. On reçoit les plus défavorisés parce qu'ils ont des aides et ceux dont les familles n'ont pas de problèmes financiers. Dans les centres, au niveau des enfants, la coexistence ne pose pas de difficultés. On essaie d'ailleurs d'atténuer les différences mais dans l'ensemble, les enfants, même s'ils n'ont pas le même train de vie, ne sont pas sectaires.
Combien de jeunes accueillez-vous en centre de vacances ?
L'été dernier, nous avons reçu dans le Doubs 2500 enfants de 4 à 17 ans pour des séjours de 10 jours en moyenne alors qu'il y a 20 ans, pour le même prix, ils pouvaient partir un mois. Aujourd'hui on remplit nos centres en s'investissant, en faisant des efforts pour rencontrer les familles alors qu'il y a quelques années, il n'y en avait pas besoin.
Peut-être les centres attirent-ils moins.
C'est sûr qu'il faut en faire la promotion car il y un contraste entre les centres actuels et l'image archaïque des colonies, avec enfants en rang par deux. Même si, dans l'ensemble, l'idée de départ demeure moderne : envoyer les enfants se refaire une santé à la campagne pour qu'ils rencontrent la nature, d'autres gens, d'autres enfants est encore d'actualité, comme il y a 50 ans. Les centres de loisirs avec hébergement, c'est partir, changer de cadre, changer de décor. Et puis connaître une expérience de vie collective, partir avec des copains me semble un passage à vivre pour l'épanouissement d'un jeune. Mais nous n'opposons pas les centres de vacances et les séjours en famille. Nous-mêmes organisons aussi des vacances pour les familles avec animations enfants.
Proposez-vous des formations au Bafa ?
Non, mais nous travaillons étroitement avec les Cemea qui partagent les mêmes valeurs que nous et qui ne font que de la formation. Sur ce plan, il y a également une certaine désaffection des jeunes et notamment une pénurie de garçons. Peut-être qu'ils ont moins envie de s'impliquer, que les responsabilités peuvent sembler trop lourdes, que les salaires ne leur paraissent pas assez élevés. La formation elle-même coûte cher, mais il existe des aides pour ça. Et nous y tenons, c'est une formation basée sur du concret, irremplaçable sur le plan humain. Pour tous ceux qui veulent encadrer des centres de vacances, elle est hautement recommandée.
Recueilli par Stéphane Paris
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