Quand on pense armée de l’air, le premier réflexe est de penser pilote. Mais si ce métier fascine, il est loin d’être le seul. Il est même minoritaire parmi une cinquantaine de domaines d’activités et de métiers dont la plupart des compétences sont utilisables dans le civil. Ainsi celles de Robin, 22 ans, présent depuis un an à la base aérienne de Luxeuil en tant qu’informaticien : «je fais partie d’une équipe de 5 personnes dont le rôle est de maintenir tous les équipements réseaux et informatiques opérationnels pour que l’armée de l’air puisse accomplir sa mission».
On imagine de telles responsabilités aisément transférables dans le civil, mais le jeune nancéien de 22 ans n’a pour l’instant pas cette perspective en tête. «J’ai fait un bac pro systèmes électroniques numériques et ceux qui étaient avec moi ne trouvent pas aisément du travail. Ensuite, je suis allé en fac de psycho mais j’avais en tête la vocation d’aller dans l’armée. J’ai rencontré des personnes de l’armée de l’air qui m’ont encouragé alors j’ai franchi la porte du Cirfa (1). De l’extérieur, on ne sait pas trop comment ça se passe dans le milieu militaire mais les gens du Cirfa m’ont suffisamment informé et rassuré pour que je remplisse un dossier en 2 jours. J’ai signé un contrat de 5 ans renouvelable. Mon envie actuelle est de rester le plus longtemps possible». Après son engagement, il a reçu une formation à l’école militaire de Rochefort puis été affecté en fonction de ses résultats et de ses vœux. «Je voulais Luxeuil pour me rapprocher du nord-est, de chez moi».
Robin travaille et vit sur la base. «On peut vivre à l’extérieur, mais pour moi qui suis célibataire, il est très avantageux d’avoir un logement sur place. De toute façon, je me suis engagé en sachant que j’allais sûrement bouger».
Il est l’une des 1100 personnes à travailler sur la base aérienne 116. Parmi elles des filles, de plus en plus et pas seulement dans l’administratif. A 28 ans, Marion est technicienne armurière. Un métier qu’elle exerce depuis qu’elle est entrée dans l’armée, il y a 11 ans, après 6 mois de formation. «Je m’occupe de tout ce qui concerne l’armement de bord, comme les lance-missiles et le sauvetage comme les sièges éjectables». Une vocation : «j’ai toujours été attirée par les avions, je voulais être mécanicienne». Parmi les armuriers, elles sont 4 filles sur 30. «Avant, j’étais la seule mais cela ne change rien. Il y a une bonne ambiance, on se connaît bien, on part en mission ensemble. C’est vrai que les filles ne viennent pas naturellement vers les métiers techniques, pourtant c’est possible. Il y a parfois des charges un peu lourdes à porter, mais on est là pour ça. Pour moi, c’est plutôt une chance de travailler sur les avions. La formation n’est pas compliqué mais il faut avoir une grande conscience professionnelle : il y a des gens dans les avions, c’est une responsabilité». Son souhait : «J’espère faire la carrière la plus longue possible».
Mais l’armée ne retient personne au-delà du contrat signé. Engagé à 18 ans en tant que fusilier commando, Pascal a décidé d’arrêter, après 16 ans de carrière. Pour être plus proche de sa famille et se lancer dans la vente, domaine pour lequel l’armée va l’aider à se former («nous proposons des formations ou des stages à tout militaire qui part» insiste son officier). Affecté aux bases de Colmar, Cognac et finalement Luxeuil, Pascal en a vu : Kosovo, Macédoine, Tchad, Dakar, Djibouti, sans compter les surveillances de sites sensibles sur le territoire. «On part en opération en moyenne une fois par an. Sinon, ici, notre rôle prioritaire est la protection de la base. On fait beaucoup d’entretien physique et d’instruction : tir de combat, self-defense, entraînement de terrain. On a des gardes de 24 h. Là, je n’ai pas beaucoup dormi depuis 3 jours».
Il veut travailler dans la vente «pour le contact humain» : «il y a beaucoup de relationnel dans l’armée et pas seulement entre nous. J’ai aussi fait de l’humanitaire lors des opérations extérieures». Avis aux jeunes qui veulent suivre sa trace : «il faut être bien dans sa tête, stable, avoir le goût de l’effort, être toujours en condition physique, savoir s’adapter. Il y a un côté exaltant, il y aussi un risque. Mais ça, on le sait».
Stéphane Paris
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