Selon Marie-Claire Carrère-Gée, «beaucoup d'approximations circulent à propos de la situation de l'emploi des jeunes». La présidente du conseil d'orientation pour l'emploi était présente à Vesoul le 10 novembre dernier, pour le forum pour l'emploi des jeunes. Premier indicateur à préciser : lorsqu'on parle d'un jeune sur 4 au chômage, il s'agit d'un jeune sur 4 parmi ceux qui sont en situation de travail. De même, le phénomène qui semble être redécouvert à intervalles réguliers, n'a rien de nouveau : «depuis les années 70, le taux de chômage des 15-24 ans a toujours été deux fois plus élevé que le taux de chômage moyen. Depuis les années 80, il n'est jamais descendu en-dessous de 15 %».
Rappelant que ces derniers «ne forment pas une catégorie homogène sur le marché du travail», elle les sépare en trois : les 15-19 ans sortis du système de formation approchent un taux de chômage de 30 % qui provient de leurs problèmes avec l'école et de leur absence totale de qualification. Les 20-24 ans sont à 21 % : on y trouve des profils semblables au précédent mais aussi des jeunes qui n'ont pas poursuivi après le bac, d'autres qui sont sortis de fac sans diplôme ou avec un diplôme sans débouché. Les 25-29 ans descendent à 11 % de chômeurs, «ce qui ressemble déjà beaucoup à la population adulte". Marie-Claire Carrère-Gée remarque que depuis 30 ans, la situation se dégrade surtout pour les 20-24 ans.
Mais le bât blesse aussi du côté de l'emploi. Les jeunes qui ont la chance de travailler sont surreprésentés dans les emplois précaires. «Les ¾ des embauches des moins de 25 ans sont en CDD. Comparativement à d'autres pays, l'accès au premier emploi est assez rapide. C'est la stabilisation dans un emploi en CDI qui est longue». Et pour que les jeunes français se sentent moins seuls, elle ajoute que «tous les pays ont un problème d'emploi des jeunes même si ça marche un peu mieux dans les pays nordiques ou en Allemagne».
Face à cette situation, le COE ne se contente pas de constater. Il préconise certains remèdes : découverte concrètes des métiers dès la 5e, diversification de l'origine des conseillers d'orientation (aujourd'hui, ils viennent tous d'une licence de psychologie), obligation pour tous les établissements de publier les taux d'insertion après le diplôme, création de teste en première ou en terminale pour permettre aux jeunes d'évaluer leurs chances dans telle ou telle formation, rapprocher les jeunes des chefs d'entreprise pour amoindrir les différences culturelles. Car il y a une idée qui circule sur l'emploi des jeunes et qui n'est pas fausse : il y a bien de la discrimination à l'embauche. «Un jeune français avec un nom français a en moyenne un entretien pour un CV. Un jeune français avec un nom marocain ou algérien a en moyenne un entretien pour 54 CV».
S.P.
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