Le train à hydrogène, un enjeu pour le futur ? C’est ce qu’on pense à Alstom où une équipe réfléchit à une locomotive à pile à combustible. Les Allemands, eux, seraient déjà bien avancés sur les trains fonctionnant à l’énergie du futur. Arnaud Heidet, ingénieur système à Alstom, est venu au premier Crunch time de l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard avec ce sujet dans sa mallette. C’était en mai dernier. Comme tous les autres projets, l’idée a été soumise à une dizaine d’élèves ingénieurs qui ont planché dessus pendant 3 jours. « Pour nous, c’était l’occasion de voir si les étudiants avaient des idées différentes des nôtres. La réflexion a été instructive. Ils n’on pas nos œillères. On est parti du produit existant, mais ensuite ils ont imaginé des solutions en rupture, en cassant le concept, totalement différent des locomotives que l’on a habituellement. En 3 jours, on n’a pas le temps d’aller très très loin, mais c’est intéressant, cela permet de remettre en cause nos réflexions».
La locomotive à hydrogène était l’un des 160 projets soumis à la sagacité des élèves. 131 proposés par des TPE, PME ou grands groupes. Les autres étaient des sujets établis par les étudiants eux-mêmes dans le cadre d’équipes de «startuppers».
A l'image d'Arnaud Heidet, les industriels participants étaient satisfaits de cette première initiative. La spontanéité des élèves vis-à-vis de sujets qu’ils découvraient était porteuse de nouveauté. «Cela permettait aussi de les faire sortir de leur zone de confort, de leur donner l’occasion de casser les codes commente Ghislain Montavon, directeur de l’UTBM. C’est une perspective toujours intéressante».
"On met en pratique
ce qu'on a appris"
Tous ces sujets n’étaient pas purement techniques. Cyrille Constantin, responsable formation à Numerica, avait proposé une réflexion sur une application permettant de personnaliser le parcours d’un apprenant en fonction de ses aptitudes. L’idée : permettre d’élaborer des parcours qui rendent les personnes acteurs de leur formation. «Les aptitudes sont des données trop négligées actuellement dans le domaine de la formation précise-t-il. Les compétences sont liées au savoir-faire alors que les aptitudes le sont à la personne. L’esprit de réflexion, la capacité de concentration par exemple». Et l’idée du Crunch time ? «Une démarche très positive, avec des étudiants dynamiques qui se trouvent face à des partenaires extérieurs qui ont des attentes très concrètes».
Neil est l’un d’eux. A 20 ans, il est venu de Lyon à Sévenans en spécialité ingénierie et management des systèmes industriels, «pour faire une école d’ingénieurs sans passer par une prépa». Comme tous ses collègues, il découvre Crunch time. «Je n’étais pas très enthousiaste car on ne savait pas du tout où on allait. Mais finalement, on se retrouve avec du concret. On met en pratique ce qu’on a appris : la résolution de problèmes techniques comme le management d’équipe. On s’est retrouvé à 10, on ne se connaissait pas, il a fallu s’adapter et regrouper nos idées. Plus tard, en entreprise, ce sera comme ça».
"Trouver des idées,
les trier, les développer"
Chaque groupe d'élèves était composé de manière pluridisciplinaires, avec différents niveaux d'étude représentés. Pour les aider et les conseiller, les enseignants de l’UTBM ont encadré la manifestation. Denis Choulier, enseignant en méthodes de conception, approuve l’initiative. «Elle s’approche du modèle d’apprentissage expérimental de Kolb qui inclut notamment la pédagogie par l’expérience, par projet, à partir de cas concrets ou encore les travaux dirigés coopératifs avec évaluation croisée entre pairs. Je pense que c’est profitable aux élèves : ils apprennent à chercher des idées, trier, écarter les mauvaises, trouver les conditions à mettre en place pour leur développement. Même si le temps est trop court pour un résultat final, ils ont quelque chose à montrer. Pour une première c’était réussi, même s’il y a évidemment des choses à améliorer dans l'organisation».
Satisfaction partagée par Ghislain Montavon car «ce grand exercice pédagogique a permis à 1600 étudiants sur 3000 (les autres étaient en stage) de simuler pendant 3 jours la pratique du métier d’ingénieur au quotidien. On leur avait notamment imposé l’utilisation d’un budget virtuel, qui conditionne beaucoup d’éléments dans la réalité». Tout le monde a joué le jeu, y compris l’Axone qui a accueilli le brainstorming et le Crous qui a assuré la restauration. La réaction des partenaires industriels a également été une bonne surprise : «nous avons eu 131 sujets posés par 100 partenaires et nous avons dû décliner 40 autres défis».
Autrement dit, Crunch time risque de perdurer. Celui de l’an prochain est déjà prévu sur quatre jours.
S.P.
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