Pour Laura Massé, l’expression devoir de mémoire est désormais très concrète. Avec une trentaine de ses camarades du collège à Dijon, elle a passé son année de 3e à élaborer un documentaire à propos de Missak Manouchian et de son groupe de Résistants des FTPMOI (Francs-tireurs partisans – main d’œuvre immigrée). Avec cette récompense : le film a été diffusé par France 3, gage de sa qualité. Un point d’orgue comme l’ont été la visite du Panthéon et du mont Valérien - où a été fusillé le groupe Manouchian - ou l’invitation à la panthéonisation de Missak Manouchian le 21 février 2024. « C’était une expérience très enrichissante dit la jeune fille aujourd’hui en seconde. On a appris énormément d’infos qui n’étaient pas forcément au programme et on a rencontré beaucoup de gens, notamment des historiens ». Et désormais, le nom de Missak Manouchian lui parle. « Ça m’a beaucoup marquée. Surtout quand on est allé au mont Valérien. Les noms, les derniers mots écrits dans la chapelle, les roses que les gens déposent, c’est très émouvant. Je me suis retrouvée en pleurs... »
Travail pluridisciplinaire
Elle résume un sentiment général des élèves car, selon Marlène Jourda, la prof d’histoire-géo qui a coordonné le projet avec une dizaine de collègues, « les collégiens ont été passionnés toute l’année, sans aucun essouflement d’énergie ». Elle l’explique facilement : « Tous les élèves de 3e qui ont participé étaient volontaires. Il y a énormément de projet dans notre collège, donc ils sont habitués. Et je dirais qu’en 3e, ils arrivent sur un programme d’histoire qu’ils attendent et la seconde guerre mondiale, ça les passionne – plus que l’Antiquité en tout cas. Ils connaissent par les séries, ils connaissent Le Journal d’Anne Frank par exemple.Quand on leur a parlé de Manouchian et des Résistants étrangers, il y a un geste héroïque qui leur parle également. Et puis l’idée de faire un film a joué ».
Avec l’aide de leurs profs, les collégiens ont réalisé le film de A à Z. « Mais on a eu l’aide très précieuse de
l’Académie des arts appliqués de Dijon, en particulier d’Antoine Legras, formateur en design graphique. Il a mis des étudiants sur le projet pour assurer la partie montage, mais aussi retravailler, uniformiser et numériser les dessins incorporés au film ».
Le travail des collégiens a été réellement pluridisciplinaire, avec une dizaine d’enseignants impliqués. Rédaction du fil rouge, dessins, chorale, recherche de consultants et d’archives, voix off, interviews… Les divers ateliers ont
aussi permis aux élèves de se rendre compte des superpositions d’éléments que nécessite un film. « Personnellement, j’ai participé à la création du storyboard, aux recherches historiques, à l’étude de l’Affiche rouge et de la propagande et à la partie musicale, à travers la chorale indique Laura Massé. Pour nous, ça a été beaucoup de travail, même pendant les vacances. On s’est rendu compte de l’énorme travail pour faire un documentaire, dont on n’a pas toujours conscience quand on le voit ». Certains ont utilisé ce travail dans le cadre de leur brevet.
« Nous avons voulu faire un documentaire un peu à la manière d’Arte précise Marlène Jourda, en amalgamant des images d’archives, des interviews d’historiens, des séquences animées ». Le résultat final est une réussite, un film de 49 mn qui est un bel hommage aux membres du groupe Manouchian, 80 ans après leur arrestation et leur mise à mort.
S.P
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