Entre les incertitudes liées aux énergies traditionnelles et les perspectives engendrées par les nouvelles, le secteur est dans une période de mutation. On aura toujours besoin d’énergie, mais les nécessités d’adaptation sont sans cesse plus évidentes. Nécessités liées à l'économie, à la pollution ou à la préservation des ressources. C’est dans ce contexte qu’une entreprise comme MaHyTec, a vu le jour en 2008 à Dole. Initiée par 4 enseignants-chercheurs de l’Université de Franche-Comté (1), elle est née pour valoriser les travaux autour du stockage de l’hydrogène d’un labo de mécanique appliquée attachée à Femto.
«Il nous semblait que le moment était venu relate Pascal Robinet, aujourd’hui gérant de l’entreprise. L’énergie hydrogène commençait à se développer et beaucoup de gens s’y intéressaient. Il fallait partir assez tôt pour être en avance».
Aujourd’hui, MaHyTec, est hébergée au centre d’activités nouvelles du Grand Dole : la présence à proximité de Solvay, gros producteur d’hydrogène en raison de ses activités, la participation victorieuse à un concours organisé par Dole et la politique de cette ville en matière de développement durable expliquent ce positionnement géographique. L’entreprise compte une vingtaine de salariés qui travaillent sur les réservoirs d’hydrogène et les matériaux composites. Elle fabrique et vend déjà des pièces aux industries, mais l’essentiel de son activité est encore la recherche (7 docteurs, 3 ingénieurs font partie de l’équipe).
«Pour l’instant, le bilan est positif dit Pascal Robinet. On était partis sur des réservoirs «gaz» mais on s’aperçoit qu’on a plus de demandes sur le stockage solide (2). Cette technologie semble présenter plus d’intérêt. En tout cas, on a beaucoup de projets, de plus en plus de demandes donc on pense qu’il y a un vrai avenir». Pour mieux communiquer et montrer que le savoir-faire existe, une tondeuse à hydrogène a été mise au point. Parmi les projets à venir, la livraison à la Poste de 10 véhicules électriques alimentés à l’hydrogène est prévue pour bientôt.
«L’automobile est un très gros marché» commente Pascal Robinet. La technologie est au point, même si le volume et le poids des réservoirs sont encore à améliorer. Est-ce plus propre ? «Cela ne rejette que de l’eau. Mais évidemment, l’hydrogène n’est pas une énergie primaire. Il faut du courant pour le produire. L’énergie générée est entièrement propre si elle provient d’une source propre comme le solaire ou l’éolien». MaHyTec a également avec Solvay un projet de système de dépollution fonctionnant à l’hydrogène. Les applications sont multiples : distributeur à café, lampe, relais de téléphonie… «On passe tout doucement à l’industrialisation».
L'habitat entre rénovations et innovations
Si avenir il y a dans ce domaine, avenir il y a dans l’emploi, que ce soit dans la recherche ou la production. Et dans ce secteur, la Franche-Comté est assez bien placée, avec des formations au contact des avancées à l’Université ou à l’UTBM. La région dispose de donneurs d'ordres internationaux (Alstom, GE) et d’un réseau de sous-traitance spécialisé. Elle a même un label «Vallée de l’énergie» qui table sur plus de 200 entreprises, avec 14 000 emplois directs et plus de 35000 emplois induits.
On peut en ajouter si l’on prend en compte le domaine énergie/habitat pour lequel la problématique d’entre-deux est encore plus évidente. Entre rénovation du passé et nouvelles conceptions, il y a de l’avenir. Ce que confirme André Laurent, directeur du Pôle énergie Franche-Comté :
«C’est un domaine où les jeunes formés ont une place à se faire. Il y a du travail car la Région a une politique très ambitieuse. En Franche-Comté, on rénove 7500 logements par an et l’objectif est de passer à 15000 à l’horizon 2020. L’Etat et la Région ont la démarche de conditionner les aides publiques au niveau de performance énergétique». Les entreprises doivent être RGE («reconnue garant d’énergie») ce qui implique d’avoir un personnel formé. Encore balbutiant en France, le marché des bâtiments à énergie positive, qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, ne peut que progresser. André Laurent résume : «La rénovation concerne pour l'instant 98 % du marché du bâtiment. En matière de conception, il y a encore une révolution à faire. Pour les jeunes, c’est une voie royale».
Stéphane Paris
(1) Dominique Perreux, Frédéric Thiébaud, David Chapelle, Pascal Robinet
(2) L’hydrogène peut-être stockée par l’intermédiaire d’une poudre qui la fixe. Avantage : on peut stocker de grosses quantités à basse pression.
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