Créer une activité n’est pas facile. Une réalité pour tout le monde, mais encore plus pour les femmes. Aux obstacles traditionnels s’en ajoutent d’autres plus spécifiques, à tel point que les organismes d’accompagnement ont mis en place des formations, spécifiques elles aussi. Les objectifs d’une formation comme « Des elles pour entreprendre » ajoutent des modules aux habituels « motivation et points fort », « analyse de marché », « stratégie », « prévisionnel financier », etc. Parmi eux, se trouve par exemple « analyser les problématiques particulièrement fortes pour les femmes entrepreneures (gestion du temps, accès au financement, posture de vente…) ». Certains aspects sont liés à des souhaits.
« On rencontre plus fréquemment chez les femmes qui entreprennent des préoccupations liées aux aménagements horaires, à l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, au mercredi off » note Adil Maldou, conseiller en formation à la BGE Nièvre-Yonne. Des notions qui restent fortement liées à l’item culturel « place de la femme ». Le besoin du mercredi off va de pair avec l’idée de s’occuper des enfants. Une habitude culturelle plus qu’une nécessité dépendant du fait d’être une femme. Mais la différence n’est pas forcément perçue par les interlocuteurs des candidats à la création d’entreprise, qui sont en grande majorité des hommes. Les femmes interviewées dans les pages suivantes l’ont constaté, le regard sur l’entrepreneuse est encore relativement dubitatif. La question
« comment allez-vous faire avec un bébé ? » ne doit pas être très souvent posée à un homme.
Discrimination positive
Un autre intitulé mentionne « définir votre posture de femme entrepreneure ». L’autre raison d’être de ces formations est la discrimination positive. Elle est liée à la volonté de contredire l’idée reçue qu’un entrepreneur est un homme. Une idée qui peut être un réel obstacle puisque les femmes elles-mêmes sont susceptibles de l’intégrer ou de l’avoir à l’esprit. C’est le double piège du soi-disant « plafond de verre » : constater qu’il y en a un laisse croire que s’il y en a un, ce n’est pas sans raison.
Traduction en chiffres : selon la fondation Entreprendre,
« en France, plus de la moitié des femmes déclarent avoir envie d’entreprendre, mais seulement un tiers de celles-ci ose franchir le pas ». Mais le travail spécifique réalisé par les organismes d’accompagnement en direction des femmes peut changer la donne.
« Quand on a commencé ces formations, vers 2012, l’un des objectifs était d’augmenter la proportion de femmes parmi les entrepreneurs que l’on aide indique Adil Maldou.
Aujourd’hui, on est quasiment à la parité. Si on nous l’avait dit il y a 10 ans, on ne l’aurait jamais cru ! » Selon lui, l’un des atouts des formations 100 % féminines est de permettre à la parole de se libérer.
« Quand elles sont entre elles, c’est plus facile de parler des freins et de les lever ».
L’effet d’exemple, d’entraînement, d’encouragement n’est pas négligeable. C’est le levier mis en avant par des organismes tels que la
fondation Entreprendre,
Entreprendre au féminin,
Action’elles. L’entraide et la constitution d’un réseau sont de toute façon fondamentales, pour les hommes comme pour les femmes. Morgane Février, présidente d’« Entreprendre au féminin » le résume :
« le meilleur atout pour un entrepreneur, c’est d’être entouré, écouté et compris par les bonnes personnes ». C’est la même idée à la base d’Action’elles : créer de l’entraide par le partage d’expérience. Montrer que des femmes réussissent dans leur entreprise donnent l’idée à d’autres que c’est possible. Mais le premier conseil de nos interlocutrices est de pas tenir compte de la distinction hommes/femmes. Mieux vaut se concentrer sur son projet, ses idées, ses valeurs.
S.P
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