septembre 1993

Il est interdit de bizuter et gare aux sanctions

Le bizutage est interdit dans les établissements d'enseignement. Les circulaires se succèdent mais rien n'y fait malgré les sanctions pénales.

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«La pratique du bizutage est une des marques traditionnelles de l’accueil réservé aux élèves nouvellement afiectés dans certains établissemems, reconnaissent la circulaire du 10 septembre 1992 pour les lycées et les colIèges et celle du 22 septembre 1992 pour l'enseignement supérieur. Dans le soucis d'assurer un juste équilibre entre Ie respect dû aux personnes et le maintien des traditions, il paraît nécessaire de prendre des mesures eflicaces afin que ces traditions ne donnent plus lieu à des manifestations précisément inadmissible : du point de vue du respect des personnes.»
Emoi motivé par des excès devenus de plus en plus fréquents, un rapport de la commission consultative des Droits de
l'Homme et une demande officielle dc l‘association des Usagers de l'administration et des services publics. Pourtant différentes circulaires antérieures avaient déja rappelé l'interdiction des pratiques du bizutage dans les établissements d‘enseignement mais elles n'ont pas été appliquées avec la rigueur nécessaire.
Pour tenir compte de cette situation et donner aux chefs d'établissements les moyens juridiques nécessaires, le décret du 18 février 1991 relatif aux droits et obligations des éleves a complété le décret du 18 décembre I985 traitant des procédures disciplinaires dans les lycées et les collèges. On y lit que «toute atteinte aux personnes ou aux biens peut donner lieu à l'application d’une sanction disciplinaire».
Mais pour punir les coupables, il faut que les victimes se plaignent. Or, il s'avère que ces victimes, sous l'empire d'une forte contrainte morale, acceptent malheureusement, par peur de représailles ou d‘exclusion du groupe, les mesures vexatoires, sinon meme les sévices qu'elles subissent contribuant ainsi a l'impunité des coupables.
Les chefs d'établissement doivent donc étre vigilants et faire savoir à tous que, outre les procédures administratives, l‘action pénale constitue une voie de necours offerte aux victimes si les préjudices causés résultent d'une infraction prévue et reprimée par la loi (par exemple, blessures et coups volontaires, art. 309 do Code pénal, attentats a la pudeur, art. 330 et
suivants).

Basil Escott
Dessin
D'aprés la BD de G. Karpman, étudiant à Sévenans

Une vieille tradition

«Le métissage par le bizutage entre 1re et 2e année, quand il ne donne pas lieu à des débordements, est enrichissant, considère M. Jugnet, le directeur de l'IUT de Besançon. Si je ne suis pas intervenu sur la forme que revêt le bizutage, bien qu’à titre personnel je sois hostile à cette tradition surannée, c'est que le retour que l’on a par les étudiants est trés positif. Tous considèrent le bizutage comme une excellente occasion de se connaître et surtout d'appréhender de l'intérieur les problémes qu'ils auront à surmonter dans l’organisation de leurs études. Ils semblent ainsi très vite oublier le fait d’avoir à se balader avec un morceau de plastique sur la tête ou peinturlurés, pour ne retenir que le côté intégration du bizutage. Théoriquement, dans chaque département, un parrain est désigné pour chaque première année. Pendant une demi-journée, et de façon trés leégère, il va exercer son droit de brimade puis, en principe, remplir une mission d'aide et de conseil la semaine suivante. Mon seul regret, ou mon seul conseil, serait peut~étre que le bizutage revête, à l'IUT, des formes plus novatrices et moins répétitives.»

Le bizutage ? Non, franchement non !


Je suis, par réflexion philosophique et religieuse, par conviction démocratique, complètement hostile, farouchement opposé an bizutage ! Pourquoi ? Parce que je suis contre tout ce qui rabaisse et que je suis pour tout ce qui élève... Contre tout
ce qui rabaisse, en particulier, la femme, l'adolescent, l'enfant, l'animal même, le faible. Au nom de quoi, quelqu'un qui a une année d'ancienneté, d'antériorité, ferait-il subir des brimades à quelqu'un de plus jeune, le plongerait-il dans l'infériorité ? Au nom d'une prétendue et stupide supériorité, l'âge ! Vouloir rabaisser l‘autre, vouloir l’humilier, c'est stupide. C'est même franchement dégueulasse. Il y a, dans le bizuteur, de la graine de con et de salaud. Il y a de l'embryon déja bien développé de sadisme. S‘achamer sur le faible, le débutant, pour l'humilier et s'en satisfaire, voire en jouir, c'est nul. C‘est en dessous du bestial. Attention. certains condamnent, dans le bizutage, les excès, les outrances. Moi, je condamne tout et depuis le point de départ le plus anodin, le principe même. Là dessus, je ne transige pas. Il ne faut même pas mettre le plus petit doigt dans l'engrenage. Qu'on ne vienne pas non plus me dire qu‘il faut une initiation ! Qu'ensuite, ça développe l'esprit de corps ! L'esprit de corps, celui des médecins, des polytechniciens, des officiers, des agrégés, des juges, des camionneurs, est une des plus grandes stupidités qu'on puisse entrevoir. Dans le bizutage, il y a la graine du fascisme, du nazisme : la force bestiale contre le prétendu faible. Il n'y a pas un gramme d'intelligence, de fraternité. ll n'y a rien qui ressemble à la dignité et à l'intelligence de l'homme.
Gaston Bordet, hlstorlen unlversitaire

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