Métier
Je travaille depuis 8 ans au Chalet, structure d’hébergement social de Grand Besançon habitat qui accueille des personnes majeures en rupture, souvent isolées. C’est une structure pilote née il y a 13 ans, qui héberge 12 personnes pour qui l’objectif est de recréer une dynamique collective et une stabilisation car elles sont passées par des contextes difficiles. L’idée, mise en œuvre avec l’association Julianne Javel pour le suivi social, est de casser un cercle négatif. Ces personnes sont en location, sans limite de durée. Elles ont un logement personnel et partagent des espaces collectifs. Elles ont des obligations : entretien de ces espaces, repas du soir en commun. Nous sommes 3 professionnels de l’intervention sociale sur place. Mon rôle, en temps que TISF, est d’être en étai de cette socialisation. Je suis présent au quotidien avec eux pour les accompagner, les aider à accomplir les gestes du quotidien, avoir un rôle de médiation. C’est de l’accompagnement social, de manière informelle. Il faut faire en sorte que 12 personnes vivent ensemble et s’entraident. Au fil du temps, une identité de groupe s’est créée, elles se sont approprié la gestion du lieu. L’idéal est de les amener à la plus grande autonomie possible. Dans ce métier, je représente deux spécificités : celle d’être un homme, ce qui est rare, et celle de travailler en structure alors qu’un TISF est plutôt amené à travailler auprès des familles, à leur domicile.
Formation
J’ai longtemps cherché ce que je voulais faire. Quand je suis tombé sur l’intitulé TISF, l’idée de travailler sur du quotidien, de passer du temps pour aider des personnes m’a séduit. J’ai suivi la formation à l’IRTS et j’ai été embauché avant même d’avoir le diplôme, dans la structure où j’étais en stage. Ce n’est pas rare, la plupart des élèves trouvent du boulot. Je dirais même qu’à partir du moment où l’on a le concours d’entrée à l’école, si l’on est assidu et sérieux, on a le diplôme. Et la formation est suffisamment solide pour se lancer dans la profession.
Quotidien
Ma journée type commence en début d’après-midi. Je suis présent pour répondre aux demandes des résidents pour leurs démarches : mon rôle est de faire le lien pour des rendez-vous sociaux, médicaux, professionnels. Il arrive que l’on doive rencontrer des personnes qui les suivent. Ensuite, il y a le temps du repas du soir : il faut les aider à gérer les courses sur un budget commun puis à préparer le repas. Ce rôle est modulé en fonction des degrés d’autonomie des personnes. Le repas est prévu à 19 h et je reste jusqu’à 20 ou 21 h selon les jours. En soirée, il n’est pas rare de rencontrer des problèmes de type crise d’angoisse, de devoir appeler SOS médecins. Dans ces cas-là, nous devons être présents, car pour ces personnes nous représentons un référent.
Qualités
Il faut beaucoup d’empathie, c’est incontournable. Il faut savoir être d’humeur égale ce qui n’est pas toujours évident. Lorsqu’on arrive, il est nécessaire d’oublier ses propres problèmes, de revêtir les habits de travailleurs sociaux. Il faut une sensibilité psychologique pour percevoir les mouvements relationnels du groupe, qui bouge tout le temps, et savoir le réguler en gardant une certaine distance. Il faut être capable de désamorcer une situation. Mais nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. Il y a une coordination très importante de la part de Julienne Javel et une fois par mois, nous voyons un psychologue pour nous aider à trouver des réponses. Notre place est mouvante et notre rôle n’est jamais le même. Il faut sans cesse analyser, s’adapter, hiérarchiser les priorités. C’est aussi un travail d’équipe. Il faut savoir communiquer avec les autres travailleurs sociaux et avec les résidents.
Difficultés
S’il y en a une, elle concerne les moments durs, les moments de crise. Il y a des problématiques d’addictions, avec des personnes qui, à un moment, paient le prix de leurs comportements antérieurs. Mais le plus difficile, c’est les décès. J’en ai vécu 3 en 8 ans et il arrive que l’on soit le seul entourage présent.
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