Ils ont fait leur rentrée de 1re année de BTS il y a 15 jours et les voilà déjà plongés dans un projet ambitieux et stimulant : imaginer des machines/insectes pour le festival des jardins de l’été prochain à la saline royale d’Arc-et-Senans.
«Lorsqu’on planche sur un objet, on recherche l’existant, on analyse et on propose différentes pistes sans se restreindre à une ou deux idées explique Charly Odile, leur professeur.
Lorsqu’on travaille, il faut pouvoir proposer plusieurs pistes de développement à affiner avec l’employeur ou le commanditaire». Alain Roussiot, professeur de 2e année complète :
«On passe beaucoup de temps sur la démarche créative de mener une réflexion design à partir d’une demande qui peut parfois être vague. Il faut la mener jusqu’à la mise en forme».
Les 18 élèves viennent de toute la France pour étudier dans l’un des plus anciens BTS de cette spécialité, né il y a 27 ans au lycée Duhamel. Leurs professeurs viennent des beaux-arts et de l’industrie. Ce qu’ils apprennent est à la conjonction des deux, demandant à la fois le sens artistique et la rigueur.
«L’exercice du métier est vaste : il répond à toute demande concernant la création d’objets industriels, de la pince à cheveux à la voiture. En travaillant sur l’enrobage, pas sur les mécanismes» précise Alain Roussiot. La carrière de ce dernier est un bon exemple. Il faisait partie de la première promotion du BTS avant de travailler dans plusieurs domaines de l’industrie et de revenir à Duhamel.
«On peut changer de domaine sans problème, travailler dans la recherche et développement, c’est très large. On est capable de s’adapter à tous les biens de consommation et produits industriels» dit-il en indiquant un moulin à poivre sur lequel l’entreprise PSP (Quingey) a demandé aux élèves de plancher.
«Ils veulent que l’on réfléchisse aux côtés esthétique et fonctionnel autour de la notion d’usage». Ailleurs dans la salle de classe, 2 spas : l’entreprise Sodim (Pagny-le-Château en Bourgogne), trouvant qu’ils sont tous un peu trop semblables, a proposé une réflexion sur la forme de ces produits. Demande : imaginer, innover.
Poursuite d'études
La plupart des élèves poursuivent leurs études après le BTS. Ce dernier est notamment affilié à la licence pro génie mécanique éco design de l’Université de Franche-Comté. Certains intègrent la formation
«ergonomie, design et ingénierie mécanique» de l’UTBM, d’autres poursuivent en école de design ou vont vers un diplôme supérieur d’arts appliqués.
«C’est un peu difficile de chercher du travail juste après le BTS. Et quand on en trouve, on risque de ne pas s’épanouir, d’avoir moins de possibilités d’évolution. Il vaut mieux continuer» conseille Charly Odile.
«Le BTS n’est pas une fin en soi mais un palier où l’on aborde un univers. En 2 ans, à raison de 10 – 12 h par semaine, les élèves ont le temps de voir des projets» confirme Alain Roussiot. D’autant plus que la profession est touchée par la conjoncture.
«Depuis 2008, c’est un peu compliqué. En période de crise, la tendance des entreprises n’est pas de conserver les créatifs…» dit Charly Odile.
«Il faut savoir se faire un réseau et être passionné. Nous ne formons pas des créateurs fous mais des gens qui savent échanger, communiquer dans le monde industriel. Dans leur profession, ils auront beaucoup de contact avec des chefs d’entreprise. On veut aussi former des jeunes capables d’appréhender le milieu industriel qui peut parfois être «violent». Le travail passe par des échanges avec d’autres services. Il faut savoir discuter, imposer des idées à des responsables pas toujours à l’écoute» prévient Alain Roussiot. Et si le BTS ne se fait pas en alternance, il impose aux élèves 6 semaines de stage en entreprise en fin de 1re année, histoire de s'immerger dans leur environnement futur.
Le lycée dispose d’une vingtaine de places et doit sélectionner chaque année parmi 80 à 100 dossiers.
«Nous avons des élèves qui ont fait un bac arts appliqués suivi d’une Manaa (mise à niveau arts appliqués), mais aussi des bacs STD2A, voire STI2D avec option art et architecture ou des bacs pro avec une grosse tendance arts appliqués. On est d’abord soucieux de la qualité d’artiste, de la qualité graphique. Il faut être curieux, observateur, rigoureux, être capable de structurer une idée ce qui n’est pas le plus évident». Un profil complet illustré par les matières enseignées autour du design : maths, physique appliquée, culture générale, anglais, gestion et même philo.
«Il y a un rythme, il faut envoyer ! On confronte les élèves à ça car c’est comme ça dans le milieu professionnel».
Stéphane Paris
Paroles d'élèves
Aurélien, 18 ans, de Rouen (photo 2).
«A la base, je m’orientais vers le design automobile, mais les écoles n’étaient pas accessibles. Je connaissais une fille qui a fait ses études ici et quand je me suis renseigné, le style de design du BTS m’a plu. C’est plus ou moins lié à ce que je voulais faire et je pourrai me réorienter après. J’apprends les bases. Après, il est conseillé d’aller jusqu’en master».
Charlotte, 21 ans, de Besançon (photo 3). «J’ai commencé un bac pro assistant architecte mais cela ne me plaisait pas car il n’y avait pas de côté créatif. J’ai travaillé un an puis suivi une préparation pour me perfectionner dans le dessin. Quand je suis venue aux portes ouvertes du lycée Duhamel, j’ai apprécié tous les projets du BTS. Lier des cours d’art à des objets concrets me plaît vraiment».
Charline, 18 ans, de Dole (photo 3). «
J’ai passé mon bac à Duhamel et lors des portes ouvertes je suis venue voir ce qu’on faisait en BTS. L'idée de mettre les mains dans «le cambouis» pour voir un projet qu’on a conçu se réaliser m’a plu. Depuis cette année, le BTS est ouvert aux bacs sans passer par la Manaa alors je me suis inscrite. J’ai passé un entretien, montré mon book et j’ai été sélectionnée. Et c’est ce que j’attendais : on voit pas mal de choses autour du design, on manie la peinture, l’aquarelle, ça permet de s’extérioriser».
Kylian, 19 ans, de Dijon (photo 4).
«C’est un ancien élève qui m’a parlé du BTS. Je ne compte pas m’arrêter là. J’espère aller soit en licence pro à Besançon soit du côté des arts décoratifs à Strasbourg».
Léa, 19 ans, d’Auxerre (photo 4).
«J'ai déposé un dossier car l’idée de concevoir des objets pour la vie quotidienne me plaisait. Ce qu’on apprend ici est conforme à ce que j’attendais, même je ne pensais pas que c’était si varié».
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