Qu'est-ce que le BAIP ?
Tout est dans l'intitulé : bureau d'aide à l'insertion professionnelle des étudiants. Il s'agit d'une mission transversale de l'Université, précisée et ordonnée par la loi LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités). "La loi nous y oblige précise Claude Condé, président de l'Université de Franche-Comté (photo 1), mais auparavant nous avions un service commun d'information et d'orientation qui prenait de plus en plus une coloration insertion professionnelle. En Franche-Comté, nous étions en quelque sorte des précurseurs". Le BAIP fait lui-même partie du service d'information et d'insertion des étudiants.
Que signifie-t-il pour les étudiants ?
L'insertion professionnelle est devenue une priorité au niveau du ministère. Claude Condé le rappelle, "on n'a pas le choix puisque les dotations budgétaires vont être calculées sur notre capacité à insérer nos étudiants". L'existence de ce bureau garantit d'abord aux étudiants une dynamique de projets et d'actions au service de leur insertion. En Franche-Comté, certaines sont d'ores et déjà en place, d'autres sont en cours d'élaboration (voir ci-contre). Elles tournent autour de rencontres concrètes avec les entreprises, d'élaboration de projet professionnel, de maîtrise des outils de base de recherche d'emploi (CV, lettre de motivation, entretien).
Fait significatif, le BAIP est actuellement composé de 6 personnes appuyées par deux étudiants à temps partiel en contrat emploi étudiant, afin de mieux répondre à l'objectif de "placer l'étudiant au cœur du dispositif". Et Claude Condé pense le développer et l'étoffer très rapidement.
Aujourd'hui, le dispositif comprend deux missions : "synergie-entreprises" qui vise à rapprocher l'enseignement supérieur et le monde économique et "stages-emploi" pour aider les étudiants à trouver des stages (dans le cadre du service régional) et désormais des emplois. A terme, cette seconde mission va prendre le délicat nom de Bise (bourse interactive du stage-emploi).
Est-ce la mission de l'Université ?
Ce BAIP n'empêche pas l'Université de continuer à délivrer du savoir, à former des enseignants et des chercheurs. "Sa présence signifie une plus grande ouverture sur le monde professionnel précise Claude Condé. Il ne s'agit pas du tout de faire entrer l'entreprise dans l'Université ou de privatiser l'Université comme on l'entend parfois. C'est plutôt faire entrer la culture de l'entreprise dans l'Université". Traduction : que les uns et les autres se connaissent mieux et au final, que les étudiants sachent ce qu'attendent les entreprises et ce qu'ils peuvent leur apporter. Un rapprochement à double entrée, puisqu'il s'agit aussi que les entreprises connaissent mieux les compétences acquises dans les différents cursus. "On ne peut pas faire de l'insertion tous seuls souligne Christine Viel (photo 2), l'une des responsables du BAIP. On travaille en concordance avec des partenaires extérieurs et les équipes pédagogiques et administratives de l'Université". Exemple parmi d'autres, le BAIP a signé en mai dernier une convention de partenariat avec l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) afin de mutualiser les compétences, mener des actions communes ou encore apporter aux enseignants et aux étudiants une meilleure connaissance du marché de l'emploi. "Il n'y a pas que le BAIP qui nous rapproche de l'entreprise ajoute Claude Condé. La multiplication des licences professionnelles, la création du CFA sup vont également dans ce sens".
La mise à contribution des enseignants ne paraît pas non plus une hérésie. "Il y a une adhésion grandissante des collègues note Oussama Barakat vice-président du conseil des études de l'Université (photo 3). Ils ont compris que l'insertion est aussi la première préoccupation des étudiants".
Comment réagissent les entreprises ?
"Il y a une réponse très positive indique Christine Viel. Beaucoup nous consultent, nous proposent des projets. Nous travaillons avec des fédérations, des groupements patronaux, des entreprises. Par exemple nous organisons prochainement une rencontre sur des métiers de la banque à la fac de lettres. Nous mettons en place des journées "job dating", plus efficaces que les forums. Il y a également une demande pour mieux connaître les compétences liées aux formations universitaires, aussi travaille-t-on à leur donner une lisibilité auprès des entreprises". D'un côté comme de l'autre, elles sont souvent cachées et chacun doit apprendre à raisonner en termes de compétences et de contenu plutôt qu'en termes de diplômes ou de discipline. "Prenez un historien illustre Claude Condé. Il a des compétences rares de compréhension, d'écriture, de méthodes de travail, de culture générale, etc. Mais il doit être capable de les mettre en évidence et de se rendre compte qu'elles ont leur place dans l'entreprise, où il serait peut-être étonné de constater les besoins s'il les connaissait mieux".
Une optique renforcée par le fait "que les entreprises recherchent de plus en plus des profils diversifiés" signale Christine Viel. L'Université aurait même un atout supplémentaire au moment où l'on parle beaucoup de formation tout au long de la vie. "On dit que les nouvelles générations n'exerceront plus le même métier toute leur vie. Or l'Université donne des compétences fortes de culture, de méthodes de travail dans les deux premières années de la licence. C'est un socle à partir duquel on peut ensuite se former tout au long de sa vie, sans doute plus facilement que lorsqu’on sort d'une formation très spécialisée".
Ces constats se heurtent à un problème, résumé par Oussama Barakat : "les étudiants, les entreprises et nos collègues enseignants ne connaissent pas assez ou ne se rendent pas compte de ces compétences". Une grande partie du travail du BAIP va consister à inverser la proposition.
Stéphane Paris
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