Le 9 décembre prochain, la ville de Besançon inaugurera la nouvelle place de la Révolution. Un moment particulier pour Clément Schick. Pendant de longues semaines, Iui et deux de ses collègues ont cumulé leur savoir-faire pour donner à la
fontaine qui trône au centre de la place une seconde jeunesse.
Un travail minutieux qui peine de plus en plus à séduire Ies jeunes. "C'est un métier très sélectif car Ies conditions de travail sont particulièrement dures. Mais c'est aussi un métier de passionnés où il existe une grande fraternité. Moi, jaime ce travail et je m'estime heureux d'avoir su très jeune ce que je voulais faire de ma vie", souligne Clément Schick.
Et pourtant, rien ne semblait destiner ce jeune Bisontin à la taille de pierre. Fils de bonne famille, il connaît une scolarité sans histoire jusqu'à son admission en 1re scientifique. "Là, je me suis rendu compte que Ies études ne me plaisaient pas vraiment. Je me suis alors posé pas mal de questions. Mais très vite, je me suis apercu que ce que je voulais principalement, c'était travailler dehors."
Dès lors, son choix se porte sur la taille de pierre. En 1996, il commence son apprentissage chez les Compagnons du Devoir. "Les premières semaines furent difficiles. J'avais 17 ans et je quittais pour la première fois le domicile de mes parents. Mais au bout de deux mois, je me suis senti vraiment à I'aise et a partir de ce moment j'ai vraiment commencé à m'éclater".
En Camargue
avec Marie Sarah
L'emploi du temps, avec deux mois en entreprise suivis de deux semaines de cours, répond également aux attentes du Franc-Comtois. "Ce rythme me convenait très bien. En classe, l'ambiance avec Ies autres tailleurs de plerre était excellente. Et puis les cours qu'on suivait étaient vraiment très intéressants."
Son CAP en poche, Clément Schick peut commencer son tour de France. Sa première halte le conduit à Rouen. Pendant un an, il reste au chevet de la cathédrale normande au sein d'une entreprise spécialisée dans Ies monuments historiques.
Après Rouen, Clément découvre Thonon-les-Bains puis Avoriaz où, en plus de travailler sur un mur en pierre sèche, il goûte aux joies des sports d'hiver.
Autre étape de son périple hexagonal, la Camargue où, perdu en pleine campagne, Clément travaille dans les arènes de Marie Sarah, l'une des rares femmes a s'être imposée dans le milieu d'ordinaire très masculin de la tauromachie. Sur place, l'ex-compagne d‘Henri Leconte sélectionne Ies vaches susceptibles d'offrir le meilleur spectacle lors des grandes fêtes de village dont Ies habitants du Sud-Ouest sont généralement très friands.
Comme en France, la pénurie de tailleurs de pierre frappe les pays étrangers. Une aubaine pour Clément qui, en plus d'un tour de France, s'est offert un veritable tour du monde avec au programme l'Angleterre, le Canada, la Chine ou encore l'hiver prochain l'Amérique du Sud.
"Avec Ies compagnons, j 'ai été amené à voyager très jeune. Ce qui fait que je n'ai pas beaucoup d‘attaches à Besançon. C'est peut-être aussi pour ça que je bouge si souvent", admet-il. Avant de poursuivre : "Le choix de partir à l'étranger s ‘est rapidement imposé. J‘avais envie de découvrir autre chose, d'autres mentalités. Et puis à chaque fois j 'ai su profiter de quelques opportunités."
D'Oxford, où il taillera notamment du corail de République Dominicaine (“une pierre vraiment particulière”) à Montréal, Clément découvre une autre facon de concevoir son métier. "En Angleterre, je gagnais plutôt bien ma vie alors qu'à Montréal, on était très mal payé. D'ailleurs, parmi mes colIègues, il n'y avait aucun Québécois. J'ai sympathisé avec un Colombien, Edgardo. En- semble, on est parti dans le golfe du Saint-Laurent, le plus grand estuaire du monde. On a vécu pendant trois semaines en autarcie, à côté d'une riviére à saumons. On a dû rentrer à cause des inondations."
La traversée
des Andes à moto
De par ces différents voyages, Clément a développé un goût prononcé pour l'aventure. Et une facon de vivre qui Iui est propre où se mêlent périodes travaillées et vacances prolongées. Ainsi après la Chine et le Laos l'année dernière, c'est l‘Argentine qui figure à son programme cet hiver.
"Avec un ami, on va faire la traversée des Andes à moto. On part de Buenos Aires pour arriver à Popayan, en Colombie, Ia ville d'Edgardo". Ensuite, il sera temps pour Clément d'envisager de se mettre à son compte. "J'aimerais devenir ouvrier indépendant. Comme ça je pourrais travailler un peu partout en France comme à l'étranger. Mais pour ça il faut que je crée mon propre site Intemet. Tous ces proiets sont en cours." Mais ils attendront son retour d‘Amérique du Sud...
Julien Moricci
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