«Nous travaillons avec des jeunes en difficulté.Ce sont des jeunes placés, qui n’ont pas demandé à être là. Il y a forcément de la méfiance de leur part et on ne nous fait pas de cadeaux». Pierre Jenoudet est éducateur sportif depuis 1975. Il exerce actuellement au centre éducatif St-Joseph à Frasne-le-Château, en Haute-Saône. Aquelques mois de la retraite, il retient un élément principal à l’attention de ceux qui aimeraient embrasser sa profession : «Il faut vraiment avoir la vocation. Certes, il existe des formations, mais la personnalité compte également beaucoup. Et je dirais qu’il n’y a pas de recette. Il faut savoir créer le contact, tisser des liens dans le respect mutuel». En résumé, avant de se lancer dans le cursus menant aux diplômes, il faut se sentir vraiment fait pour ce métier.
Selon la définition de l’Institut régional du travail social, l’éducateur technique spécialisé “contribue à l’intégration sociale et professionnelle de personnes souffrant de handicap ou en difficulté, par l’encadrement d’activités techniques de production au cours d’une prise en charge éducative et sociale en collaboration avec d’autres acteurs sociaux”. Son rôle se rapproche de celui des moniteurs éducateurs et des éducateurs spécialisés pour le public dont ils ont la charge mais s’en distingue par l’activité spécifique qu’ils encadrent. Ils sont une dizaine à travailler au centre éducatif de Frasne-le-Château. Ce dernier accueille des jeunes en internat, en service de suite ou en accueil à la journée. Les éducateurs spécialisés assurent des ateliers techniques en électricité, peinture, horticulture, espaces verts, métallerie-serrurerie, menuiserie, services. L’institut a même créé récemment un restaurant pédagogique qui permet aux jeunes de découvrir la cuisine en conditions réelles puisque le restaurant est ouvert au public le midi.
«Avant de former, notre rôle est de tenter d’intéresser les jeunes en leur faisant essayer divers disciplines explique Thierry Laury, éducateur plâtrier-peintre. On travaille au cas par cas. Il faut à la fois connaître son métier de base et aimer transmettre aux jeunes». Jacques Fayolle, spécialisé en menuiserie, confirme ce point de vue : «le plus difficile est de trouver le déclic, quelque chose qui va donner envie aux jeunes. Au préalable, il faut cependant réussir à entrer en contact et à leur donner un savoir-être. Le savoir-faire vient ensuite. Mais nous travaillons avec des petits groupes, ce qui rend les choses plus faciles». Pour Dominique Roux, éducateur technique depuis l’ouverture du restaurant d’application en 1990, «c’est une branche où il y a du travail mais il faut être motivé et accepter des horaires pas toujours faciles. Certains éducateurs travaillent de nuit ou le week-end». Mais c’est aussi un métier d’aide sociale qui apporte une forme de satisfaction relationnelle. Auparavant, Thierry Laury travaillait dans le bâtiment avant de se réorienter en passant le diplôme d’éducateur spécialisé. Jacques Fayolle, lui, a abandonné un temps le métier pour travailler en entreprise, avant d’y revenir. Pour eux, c’est un vrai choix.
S.P.
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