Un échafaudage montant à une trentaine de mètres, quasiment jusqu'au sommet de la tour de l'Horloge à Nozeroy. Pascal Puget et Sylvain Guillaume ont travaillé à cette hauteur pendant quinze de jours en juillet pour mener à bien la réfection du toit et de la zinguerie de cet ouvrage médiéval. Evoquer le métier de couvreur appelle souvent l'image de pavillons de particuliers en construction. Mais la réfection, et notamment celle du patrimoine, est un autre aspect. Moins connu mais valorisant. L'entreprise Puget, de Dole, s'en est même fait une spécialité. Pascal Puget, chef de chantier, travaille dans l'entreprise dirigée par son frère depuis 22 ans. "On fait des monuments, des manoirs, des bâtiments comme le Palais de Justice de Dole, dans un rayon de 100 km et il y a du boulot. C'est sûr qu'il y a une certaine fierté à rénover ce type de construction. Quand on repasse devant, on jette toujours un œil. Ma femme dit que je me promène toujours la tête en l'air". Les perspectives du métier paraissent très positives, à l'instar de tous ceux du bâtiment. "On a 20 ans de travail devant nous estime Didier Tattu, secrétaire général de la Capeb (syndicat de l’artisanat du bâtiment) dans le Doubs. D'abord parce que l'on a défendu et obtenu jusqu'en 2010 la TVA à 5,5 %, ce qui génère du chiffre d'affaires pour tous les corps de métiers. Ensuite parce que nous avons deux marchés importants en perspective, celui de l'accessibilité à la mobilité réduite et surtout celui lié au Grenelle de l'environnement, qui pourrait générer 33 millions de logement à rénover". Perspectives encore enjolivées, pour les salariés et futurs salariés de l'ensemble du secteur, par les dizaines de milliers de départs en retraite annuels.
Métier de plein air
En corollaire, ils devront se former à "de nouvelles techniques, de nouvelles normes, de nouveaux matériaux". Et, selon Didier Tattu, aller vers un décloisonnement plus important des métiers : "un couvreur devra savoir poser des panneaux solaires, par exemple".
Mais les professionnels connaissent déjà cette situation. Couverture, zinguerie mais aussi menuiserie font partie de leur réalité. Si la base du métier est la réalisation de couvertures (ou toits) et de leurs éléments associés (châssis, châtière, gouttière, lucarne…), ils peuvent aussi être amenés à aménager des combles, poser des fenêtres et des volets de toit, s'occuper de l'isolation extérieure, d'équipements de sécurité et de produits de la domotique (paratonnerres, antennes…). Une polyvalence que l'entreprise familiale Angonnet à Andelot-en-Montagne, connaît. Cette SARL familiale d'Andelot-en-Montagne, ne peut pas se permettre de trop se spécialiser. "Charpente, menuiserie, couverture, zinguerie, tout est lié. Mais c'est aussi l'avantage d'une petite entreprise : cette polyvalence nous permet de varier le travail" note Patrice Angonnet, l'un des 4 fils et fille à avoir pris le relais de Jules Angonnet, fondateur d'une entreprise qui compte aujourd'hui une dizaine de salariés. C'est à elle qu'a été récemment confiée la réfection du clocher des Nans, petit village jurassien. "On ne fait pas souvent de rénovation de patrimoine mais c’est vrai que c’est une facette valorisante du métier. On a d'abord descendu la charpente, qui doit dater de 1891, pour la refaire à l'identique, avant de s'occuper du toit. On travaille encore de façon artisanale, mais pour ce chantier, on a investi dans un bras téléscopique. En 20 ans de métiers, j'ai vu une réelle évolution, notamment en ce qui concerne les outils de manutention". Vu de l’entreprise, la profession vit une belle période depuis quelques années. "Il y a du travail mais, comme pour tous les métiers, il faut de l'envie et parfois du courage parce que lorsqu'il fait trop chaud ou trop froid, ce n'est pas toujours agréable".
"Depuis 20 ans, le métier a déjà énormément évolué complèe Pascal Puget. Du point de vue physique notamment. Quand j'ai commencé, on avait pour engin de levage une poulie, une corde et on faisait tout à la main. Aujourd'hui, on a des outils qui allègent le travail. La seule difficulté, je dirais, c'est quand il fait trop froid ou trop chaud. Mais quand il y a des intempéries, on s'arrange pour faire les préparations en atelier. On ne s'imagine pas tout ce qu'on prépare avant de venir sur un chantier, alors que c'est la plus grosse partie du travail". Il y a selon lui de la place pour les jeunes, à condition de bien se former. "Et d'être courageux, d'avoir envie de se lever pour aller travailler, mais ça, c'est pareil pour tous les métiers".
S.P.
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