Le Criollo : à peine 12 ans d’existence et déjà une réputation qui a dépassé les frontières de la région (il figure par exemple dans « le Guide des croqueurs de chocolat » qui recense 150 des meilleurs chocolatiers de France). La société lancée à la pépinière d’entreprises de Palente compte aujourd’hui une vingtaine de salariés. Même sans export, en restant dans une démarche de proximité et en misant sur l’identité territoriale («nous avons par exemple des boîtes qui rappellent celles du Mont d’or ou des chocolats Victor Hugo» cite Jérôme Freyburger, responsable de la communication), une entreprise de la taille du Criollo peut s’en sortir. L’agroalimentaire, pour peu qu’il soit de qualité, demeure une valeur sûre. Même s'il s'agit d'un domaine sensible, qui a traversé ses propres crises liées à divers scandales et/ou problèmes de santé récents. Ces derniers rendent la question de confiance cruciale.
«Les gens sont attachés à la sécurité alimentaire et à la qualité pense Jérôme Freyburger. Ils posent plus de questions qu’avant. Ils regardent de plus en plus la différence entre le bien fait, le pas bien fait et le pas fait du tout. Ils aiment par exemple savoir que l’on fabrique sur place, sans colorant chimique, sans huile de palme».
Ce serait plutôt les modes de consommation « impersonnels », fast food et plats préparés, qui pâtiraient de la méfiance. Une tendance confirmée par les chiffres de consommation dans les grandes surfaces. A l'opposé, le Criollo est représentatif. «Même la crise de 2009 ne nous a pas impactés signale Jérôme Freyburger. Nous sommes en progression constante sur 10 ans. Le chocolat reste une valeur refuge».
Région des AOC et des IGP
A ce jeu, la Franche-Comté a les armes pour tirer son épingle du jeu. L’agroalimentaire local a des atouts solides, selon Valérie Girardin, directrice de l’Ariatt (1). «C’est une région qui a de vraies valeurs, dont certaines, comme les Scop datent du Moyen-Age. La filière est très axée sur les produits du terroir qui sont éloignés des problèmes liés aux crises récentes de l’alimentaire. Le consommateur est confiant car on est la région des AOC et des IGP». (2)
L’an dernier, le Conseil économique, social et environnemental de Franche-Comté a mené une étude sur la filière. Son titre est éloquent : «l’Agroalimentaire, valeur sûre de l’économie franc-comtoise». Il remarque que ces «signes de qualité, et quelquefois les marques régionales fortes, ont un effet d’entraînement sur l’ensemble du secteur» tandis que «l’activité est porteuse de valeur ajoutée sur l’ensemble du territoire».
Les fragilités sont, toujours selon le Cese, liées à la petite taille des entreprises, dont 77 % comptent moins de 20 salariés. La présence de l’Ariatt est un moyen d’y pallier. Favoriser une dynamique d’export et d’innovation fait partie de ses rôles. «On a parfois encore des idées archaïques à propos de ce secteur. Mais la technologie, la recherche, l’innovation marketing et organisationnelle y ont toute leur place. Traçabilité et logistique demandent d’être à la pointe. Quitte à parfois s’inspirer de méthodes d’autres filières industrielles» déclare Valérie Girardin. Du coup, les métiers du secteur sont très larges. Ils vont de la fabrication et la transformation à la recherche. «Il accueille aussi bien des scientifiques que des commerciaux ou des forts en langues». Parmi les atouts de la région, la formation est en bonne place. En tête de liste, les Enil et l’Université de Franche-Comté. «C’est une richesse. A Mamirolle, nous avons le plus grand centre technique de fromage de France. Un grand nombre de cadres sont issus des Enil».
Au Criollo, dont l’équipe est jeune, le recrutement est local. «Nous avons souvent des apprentis, qui viennent du CFA Hilaire de Chardonnet. En général, ils sont bien formés». A tous points de vue, l’agroalimentaire est une des forces de la région.
Stéphane Paris
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