Mars, mois marqué par la journée des droits des femmes (le 8) ou par la semaine d’éducation contre le racisme (autour du 20), est un moment important pour les organismes de lutte contre les discriminations et les inégalités. Des moments symboliques, de visibilité et d’actions - lorsqu’une pandémie ne les interdisent pas - mais qui ne doivent pas occulter un travail permanent.
Les questions liées sont inlassablement portées, toute l’année, à l’image de ce que réalise la fédération Léo Lagrange avec son programme d’éducation citoyenne « Démocratie & Courage ». Décliné selon les tranches d’âge, il s’adresse plus spécifiquement à la période clé de l’adolescence (il y a « défis & différences » pour les enfants et « diversité & égalité » en direction des adultes).
« Nous intervenons en et hors milieu scolaire, y compris la prison, depuis 2002 résume Yohann Dirand, coordonnateur pôle engagement de Léo Lagrange Centre-Est.
Ce programme est inspiré d’actions mises en place en Allemagne à la suite de la forte montée de l’extrême droite. La volonté de Léo Lagrange est aussi issue du phénomène semblable en France ». Si l'antiracisme est à la base de Démocratie & Courage, les thématiques se sont étoffées. Les interventions peuvent aborder les discriminations sexistes et homophobes, la violence, la laïcité et l’éducation aux médias.
« Je perçois un certain dogmatisme au sujet de l’homophobie. Sur l’égalité hommes/femmes, il y a des personnes de plus en plus ouvertes mais aussi d’autres qui se referment. Nous travaillons également beaucoup sur la violence, qu’elle soit physique, verbale ou psychologique. Mais le plus difficile à appréhender, ce sont les théories complotistes ».
Dialogue, écoute, ouverture
La méthode Léo Lagrange, c’est le dialogue,
« qui implique écoute et empathie ». Les interventions sont construites sur des principes de pédagogie active et participative amenant chacun à s’interroger sur ses préjugés.
« Le dialogue, la posture ouverte permettent de dédramatiser. On évite de stigmatiser, de juger, on essaie de faire prendre conscience des causes profondes et des mécanismes qui, par exemple, conduisent à la violence ou au harcèlement ».
Convaincu que
« la société manque d’espaces de parole bienveillante », Yohann Dirand assure par expérience de la validité de la discussion et de l’écoute.
« Par l’écoute, quelque chose se détend. Chacun a une capacité d’ouverture et peut faire un pas de côté vis-à-vis de ses certitudes ». Dans le même ordre d’idées, il est favorable à la présence des enseignants lors des interventions en classe.
« Cela créé quelque chose de différent avec leurs élèves. Ils peuvent avoir un regard nouveau, parfois surprenant sur eux ».
Pour être plus efficace, la mission en milieu scolaire est confiée à des intervenants volontaires de 18 à 30 ans. Yohann Dirand a lui-même commencé par là.
« Chaque début d’année, nous constituons une nouvelle équipe. Les volontaires, des étudiants mais aussi des personnes en reconversion, sont une dizaine dans la région, comme Virginie (
voir article)
». Ils débutent par une formation initiale d’une semaine pour leurs permettre d’intervenir sur tous les sujets. La logique est celle d’une éducation par les pairs, décrite sur le site
democratie-courage.fr :
« les jeunes formés sensibilisent à leur tour d’autres jeunes. La proximité d’âge permet un mode de communication qui libère plus facilement la prise de parole et la communication ». Chacun peut postuler, il n’y a pas de profil, de diplôme ou de parcours type.
« C’est la motivation qui compte. Le recrutement se fait plutôt au feeling, à travers un entretien qui est plutôt un échange ».
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