On manque d’animateurs. Ce constat a conduit la direction régionale académique à la Jeunesse, à l’Engagement et au Sport à proposer l’an dernier de nouvelles aides financières aux jeunes qui souhaitent passer le Bafa. Dans la région, ils sont de moins en moins nombreux à s’engager dans cette formation non professionnelle qui est d’abord un moyen de trouver un job saisonnier, mais qui est aussi la porte d’entrée possible sur une carrière. « Depuis quelques années, on connaît des difficultés grandissantes, qui se sont accentuées avec la crise sanitaire » confirme Stéphanie Courtebras directrice de la fédération régionale de Familles rurales. L’un des principaux mouvements d’éducation populaire présent dans la région compte environ 800 salariés. Bien placée pour observer l’animation, « un secteur qui a peu évolué depuis plusieurs décennies », l’association ne limite pas le défaut d’attractivité au seul frein financier. « En ce qui concerne la formation Bafa, avec les aides diverses, on arrive à des coûts faibles, voire à zéro reste à charge. Le cursus en 3 étapes est aussi un frein pour beaucoup de jeunes qui ne se projettent pas sur un parcours aussi long » indique Stéphanie Courtebras.
Et si certains aspects passent pour un job saisonnier, il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit d’un métier. « Il y a déjà des horaires atypiques qui ne sont pas pratiques signale Gil Grosperrin, directeur de la fédération du Doubs. Il y a également une difficulté à pouvoir offrir des emplois à temps plein, même si cela fait partie de nos priorités, quitte à trouver des missions parallèles. Ces aspects sont compliqués par l’aspect mobilité lorsqu’on agit, comme nous, dans le milieu rural et très rural ». Ajoutez des salaires pas mirobolants et le tableau peut paraître sombre. « Il y a un besoin de reconnaissance qui passe par une revalorisation des salaires, mais les assises nationales de l’éducation populaire n’ont pas répondu à nos attentes sur ce plan ».
Carrières possibles
Dans cette perspective, pourquoi s’y orienter ? « C’est un domaine avec de nombreuses possibilités ; l’animation est multiple » souligne Gil Grosperrin. Avec les spécialisations, elle peut être sportive, socioculturelle, artistique, scientifique… « On peut y entrer facilement, avec un Bafa, puis évoluer jusqu’à devenir directeur de structure. La compétence et l’expérience sont aussi importantes que la qualification ».
Beaucoup de salariés progressent avec la formation continue parallèlement à l’expérience acquise, passant au fil de leur carrière des BP Jeps ou des Dejeps. Ayant lui-même suivi ce parcours, Gil Grosperrin insiste sur un métier relationnel, « qui a du sens ».
« On est en relation avec des enfants, des familles, des bénévoles avec des retours gratifiants même s’il s’agit de sourires ou de dessins ! Il y a un bonheur de transmettre. Et l’apprentissage est réciproque. Un jeune qui débute avec le Bafa apprend à devenir adulte en gérant des enfants, des problématiques, en mettant en place des activités, en organisant des séjours où il peut être amené à faire à manger. Avoir le Bafa, c’est être acteur de la société et de l’éducation, mais c’est aussi une émancipation ».
Cet enrichissement n’a de sens qu’avec de l’envie. « Il y a des aspects techniques pour exercer ce métier, mais il faut surtout de la motivation et une capacité à être avec les autres. Pour celui qui veut, il y a vraiment possibilité de faire carrière. Mais il faut se donner les moyens de progresser et avoir un peu de patience. Quand on est dans cette dynamique, ça marche ».
S.P.
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