décembre 2006

Le sida, encore et toujours aussi présent

Le docteur Christine Drobacheff-Thiébaut est practicienne hospitalière en dermatologie et présidente de la cellule sida CHU Franche-Comté. Entretien.
Photo Yves Petit

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La cellule sida CHU Franche-Comté a été créée en 1991 pour coordonner la prise en charge des patients VIH positif, avec une vocation d’information et de recherche clinique. A ce titre, elle fait un point annuel sur la prise en charge des personnes soignées dans les hôpitaux de Besançon, Belfort et Vesoul. Le Dr Drobacheff-Thiébaut nous fait part de l’état des lieux. 

En France, le sida continue de progresser. Qu’en est-il en Franche-Comté ?
Elle demeure une des régions les moins touchées. Mais comme pour la France, le nombre de patients continue d’augmenter. Ce qui s’explique aussi parce qu’il y a beaucoup moins de mortalité qu’avant parmi les séropositifs. Depuis 1996, il y a une chute du nombre de décès, qui se situe à moins de 10 par an dans la région. De plus en plus, les séropositifs ne meurent pas du sida, mais d’autres causes, même si elles sont souvent liées. Par ailleurs, depuis 5-6 ans, le premier mode de contamination est l’hétérosexualité. La progression est devenue moins forte parmi les personnes homo- et bisexuelles. Et de moins en moins importante en ce qui concerne la toxicomanie. Mais il faut aussi constater qu’une bonne majorité des patients gardent une bonne immunité et encore plus (près de 69 % de ceux que nous suivont) ont une charge virale très basse et sont donc en succès thérapeutique. A cet égard, il faut dire que plus on est pris en charge tôt et plus on a de chance de trouver une bonne immunité. Mais ce qui me frappe, c’est que les patients récemment contaminés continuent de prendre le diagnostic comme celui d’une mort annoncée. Or ce n’est plus le cas. Les progrès ne permettent pas de se débarrasser du virus, mais de vivre avec le virus bloqué dans l’organisme. C’est une différence avec les pays pauvres où la maladie y est toujours mortelle et galopante.  

Confirmez-vous le “relâchement” en termes de pratiques sexuelles ?
C’est certain. Dans le milieu homosexuel, on le dit ouvertement. C’est vrai aussi ailleurs. On note une augmentation des transmissions des autres MST, ce qui est significatif. Il y a un relâchement lié aux progrès des soins, à une forme de lassitude, à une information peut-être moins présente qu’avant. 

Comment évoluent les traitements ?
Les patients nouvellement pris en charge peuvent bénéficier de trithérapies assez gérables et qui vont encore se simplifier. Au départ, la fréquence est serrée mais pour quelqu’un qui va bien, avec un traitement bien pris et efficace, cela peut s’espacer. Néanmoins, il s’agit de médicaments puissants avec effets secondaires digestifs, allergiques, psychologiques... Il y a une nécessité absolue de les prendre scrupuleusement.  Au bout de 3 oublis par mois, le virus peut apprendre à résister et muter. Et malgré tous les progrès, ce n’est pas rien d’être séropositif. La vie bascule. Cela occasionne des contraintes et c’est une pathologie mal perçue, dont il est compliqué de parler, avec des difficultés d’ordres affectives, sexuelles, psychologiques.  

Recueilli par Stéphane Paris
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