«Après le collège, j’étais en bac STI mécanique générale, mais cela ne me plaisait pas du tout. A un carrefour des métiers,on m’a expliqué que je pouvais repartir sur une formation en apprentissage si je trouvais un patron». Aujourd’hui, Vincent Démoulin, 21 ans (photo 4), originaire de Pin en Haute-Saône, est en 2e année de BTS agroéquipement, convaincu de poursuivre dans cette voie après y avoir obtenu un bac pro. «Cela m’a vraiment remotivé alors que je n’avais pas de motivation pour l’école. Mais je me suis retrouvé dans mon élément, dans quelque chose que j’avais envie de faire. Il faut dire aussi qu’on a de bonnes conditions pour apprendre, on est bien encadrés».
Raison supplémentaire à sa satisfaction, «globalement, un BTS qui sort d’ici a trois offres d’emploi» selon Alexandre Burkhalter, responsable du hall équipement et de la plate-forme technologique de l’Eplefpa de Vesoul (1). Encore plus significatif : «on a un taux de 94 % de réussite aux examens mais une insertion de 100 %. Cela veut dire que la formation correspond à la demande des entreprises». Pour les élèves, entrér en formation veut quasiment dire trouver un CDI à la sortie, même s’il faut souvent bouger.
L’établissement de Haute-Saône est le seul en France à posséder les deux BTS génie des équipements agricoles et agroéquipement. Le premier s’adresse à des étudiants plutôt orientés sur la partie vente, le second s’effectue en apprentissage plutôt sur l’aspect maintenance.
Mais tous deux tablent sur une parfaite connaissance du matériel agricole et ouvrent des débouchés chez les constructeurs
et les concessionnaires. Ou, autre perspective, une poursuite d’étude pour obtenir une licence professionnelle en un an après le BTS.
L’établissement a noué des liens de confiance avec les grands groupes du domaine. L’un d’eux lui a même demandé de monter une formation spécifique pour ses techniciens. «Certains nous mettent à disposition du matériel. On a par exemple une moissonneuse-batteuse qui vaut 300 000 euros. Ce n’est pas rien, c’est la preuve d’une reconnaissance. Former des techniciens sur leur matériel signifie pour les constructeurs une plus grande efficacité de leurs futurs salariés. Cela veut dire qu’ils comptent sur nos élèves. Et cela nous permet de travailler sur des machines récentes. La mécanique agricole est devenue hyper complexe et le matériel vite dépassé». À tel point qu’il faut vraiment passer par une formation spécialisée pour espérer y travailler. Impossible de le faire en apprenant sur le tas, comme cela a pu être le cas à une autre époque. Et si les jeunes formés peuvent éventuellement se diriger vers la mécanique auto, l’inverse est impensable. «Il y a énormé-
ment d’asservissement type électro-hydraulique, électronique embarquée, autoguidage. C’est tellement complexe, que même ceux qui travaillent dans la vente et le conseil ne peuvent le faire sans connaître l’aspect technique».
Autre fait significatif, à Portsur-Saône, un hall d’agroéquipement très moderne et fonctionnel de 3400 m2 financé par le Conseil régional permet aux élèves d’étudier dans des conditions optimales. Même la commune de Port-sur-Saône s’y est mise en promettant la construction de logements étudiants. Pour l’instant les élèves doivent faire la navette depuis Vesoul. Autre petit
bémol, un manque de diversification dans le recrutement :
«Beaucoup de nos élèves viennent du milieu agricole. Peut-être que les autres ont en tête l’image de tracteurs qui datent des années 30. Ce n’est plus du tout ça. On ne parle même plus de mécaniciens mais de techniciens et de technologie. Alors c’est vrai qu’on aimerait attirer d’autres types d’élèves vers nos métiers».
S.P.
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