Vus de l’extérieur, les écoles des beaux-arts peuvent sembler mener à des débouchés restreints. Mais devenir artiste n’est pas la seule voie, même si c’est elle qui vient en premier lieu à l’esprit – et pour laquelle l’insertion professionnelle n’est pas facile. Heureusement, il y en a d’autres. «Médiateur culturel, directeur artistique, graphiste, enseignant» cite, en exemples non exhaustifs, Julien Cadoret, chargé de l’action culturelle à l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon/Franche-Comté. Il ajoute également des possibilités dans la communication et sur internet. «80 à 85 % de nos élèves trouvent du travail dans ces domaines, en restant au contact de l’art ou du graphisme. La plupart ont un emploi plutôt stable au bout de 2 ans».
Pour les aider, l’école ne les met pas seulement au contact de l’art et de son histoire, mais aussi de la réalité professionnelle, tout au long de leur cursus. Loin d’être replié sur lui-même l’Isba interagit en permanence avec l’extérieur. Entre workshops, ateliers, voyages d’étude, conférences, expositions et même festival (Excentricités) il se passe beaucoup de choses à l’institut. L’environnement suscite l’émulation et le dynamisme. «Il doit y avoir 40 à 45 événements dans l’année estime Julien Cadoret. Ils permettent aux élèves d’apprendre constamment à voir, à construire, à regarder, d’éveiller leur curiosité, de partager, de rencontrer des gens pour se construire comme artistes».
L’Isba, seule école supérieure d’art de Franche-Comté et l’une des plus anciennes de France, se structure autour de 3 axes, qui se complètent. D’abord la recherche, avec des spécialisations autour du corps de l’artiste, du contrat social et de l’imprimer. Elle est adossée à des laboratoires universitaires et fortement associée à la coopération internationale. Cette dernières est le second point de développement de l’école : échanges d’étudiants, présence de professeurs et intervenants étrangers dans l’équipe enseignante, résidence internationale d’artistes, voyages d’étude, enseignement intensif d’anglais, expos associant des artistes internationaux contribuent à imprégner les élèves de cette culture transnationale. Des relations privilégiées sont instaurées avec des écoles à Athènes, Valence, Huddersfield, New York, en Côte d’Ivoire ou au Japon. Troisième point d’ancrage fort, la fabrique culturelle qui «permet de placer les élèves au plus vite dans une situation d’artiste et d’auteur en produisant et montrant leurs travaux». Outre les travaux d’élèves, cette thématique inclut des expos d’arts, une exposition d’un ancien élève et une autre autour de la communication et du design graphique dans la grande galerie et 8 à 10 autres dans l’espace 24 en mode crash test de 15 jours. Elle passe également par divers événements dont les journées portes ouvertes en février, le festival Excentricités en avril, qui incite à la discussion et à l’échange autour de performances, ou encore le jour du feu le 24 mai autour de la pratique de la céramique. «L’échange est une notion très importante» résume Julien Cadoret, en ajoutant que l’Isba fait partie du Brac (Besançon réseau art contemporain), qu’elle a des partenariats forts avec les lieux d’art contemporain régionaux comme le Frac, l’Espace Gantner, le 19, l’école d’art Gérard Jacot, le musée de Dole ou la Fraternelle de St-Claude et qu’elle travaille à un projet d’ateliers d’artistes avec la Ville de Besançon. Le 2e jeudi de chaque mois, un rendez-vous met en relation les étudiants avec d’anciens élèves, des professionnels ou même des sociétés susceptibles de leur passer commande. Bref, au cours de leurs 5 ans passés à l’Isba, les élèves sont immergés dans le monde de l’art en Franche-Comté et disposent de tous les outils pour connaître leur futur domaine professionnel. On ne le sait pas beaucoup, mais vue d’en haut, l’école a une forme de clé. «Elle symbolise le passage entre savoir-faire et savoir penser, entre la fac et le monde de la production».
Stéphane Paris
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