«Le tribunal possède cette particularité administrative d’être dirigé par une dyarchie : un président et un procureur. Cela implique une habitude de concertation et de décisions collectives, auxquelles on peut associer le directeur des greffes. Ce fonctionnement en binôme peut être vécu comme un handicap. Personnellement, je n’ai pour le moment que l’expérience contraire et je trouve l’exercice beaucoup plus enrichissant à deux. Quand on a en tête le bon fonctionnement du service public, c’est un confort de pouvoir discuter avec le procureur ou le directeur des greffes, d’être dans le consensus. Mon rôle est notamment d’assurer la gestion administrative et le suivi budgétaire des frais de fonctionnement et des frais de justice. Je suis responsable de l’arrondissement judiciaire, ce qui inclut actuellement les tribunaux de Besançon et de Pontarlier mais aussi le tribunal de commerce ou le conseil des prud’hommes.
En tant que président, j’ai pour rôle l’affectation de tous les magistrats du siège de ma juridiction. Elle s’effectue lors de l’ordonnance annuelle de répartition qui doit, en application du code de l’organisation judiciaire, être rendue avant le 15 décembre pour l’année suivante et après concertation en assemblée générale. Elle détermine quel magistrat va faire quoi, en prenant en compte les souhaits de chacun. Cette répartition peut faire l’objet de modifications en cours d’année en fonction de problèmes ou d’urgences.
Il faut faire en sorte qu’à chaque compétence du tribunal corresponde un nom, mais chaque magistrat n’est pas affecté à 100 % à une tâche, cela dépend de la charge de chaque service. C’est une question de répartition, l’essentiel est de faire en sorte que chaque service puisse fonctionner avec les moyens dont il dispose.
Il faut également déterminer le rythme des audiences, les commissions auxquelles participent les magistrats
ou encore les permanences. Dans ce rôle, nous sommes en quelque sorte des managers. Les moyens en magistrats et en fonctionnaires dont on dispose dépendent de la qualité de fonctionnement et du niveau d’activité. Cela passe par une véritable analyse de la performance et de la charge de travail, exercice d’évaluation compliqué car il faut y intégrer la notion de qualité ; optimiser les ressources en gardant l’idéen de rendre une justice de qualité.
C’est un vrai travail de chef d’entreprise, très important car cette capacité d’analyse permet également de faire remonter les problèmes, de prévenir une situation ingérable en termes de moyens, d’avertir d’un risque par rapport à un service. D’expérience, je sais qu’un service se dégrade beaucoup plus vite qu’il n’est possible de le remettre à flot. Il faut bien comprendre que mon pouvoir est administratif et que je ne peux pas dire à un magistrat ou à une formation collégiale quelle décision il ou elle doit prendre. Cela ressort de la seule compétence juridictionnelle.
Le justiciable mécontent d’une décision rendue doit utiliser les voies de recours afin que le procès soit réexaminé par la cour d’appel. Il n’y a pas de notion disciplinaire dans ce recours qui est l’application normale du principe du double degré de juridiction.
Un président de tribunal reste un magistrat ayant des attributions juridictionnelles spécifiques comme par exemple les procédures de référés et les ordonnances sur requête. En ce qui me concerne, outre ces compétences, je suis chargé du contrôle des expertises, et je prends également mon tour de rôle dans les permanences du juge des libertés et de la détention. Cette permanence est assurée 365 jours sur 365».
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