L'eau du robinet ne coule pas de source. Captée, canalisée, transportée et distribuée, traitée et surveillée, elle mobilise en France quelque 175 000 personnes, dont 57000 s'occupent de l'assainissement et de l'épuration. Elément vital, elle fait l'objet d'une observation de plus en plus étroite, renforcée par des directives, notamment européennes, toujours plus exigeantes. Par exemple, la composition des eaux courantes n'est régulièrement mesurée, en France, que depuis 1971. Et comme les préoccupations environnementales et celles liées à la pollution sont à l'ordre du jour, l'eau devrait générer un surplus d'activité dans les temps à venir.
Le secteur représente actuellement près de la moitié des offres d'emploi liées à l'environnement. Les eaux usées semblent à elles seules un secteur porteur. Des 15000 emplois permanents que les spécialistes estiment devoir être créés dans les années à venir dans le secteur de l'eau, 80 % concernent le traitement des eaux usées. Profils principalement concernés, les techniciens et ingénieurs spécialisés. Dans l'ensemble, les besoins des collectivités locales en spécialistes devraient augmenter, étant entendu que les emplois de l'environnement restent très sensibles à la conjoncture économique et que l'offre a toutes chances d'être très vite saturée. Malgré tout, il est estimé que des créations d'emploi dans le secteur auront encore lieu dans les prochaines années. D'après l'Office international de l'eau, le secteur recruterait jusqu'en 2015.
Mais, comme dans tout ce qui concerne l'environnement, il faut se garder d'être trop optimiste quant au nombre d'emplois. D'abord parce que ce nombre est conditionné par l'argent que les pouvoirs publics voudront bien y mettre. Ensuite parce que « même si c'est un domaine où il y a beaucoup d'investissement, il n'y a pas forcément de relation directe avec l'emploi » souligne M. Neveu, directeur du Centre national de formation aux métiers de l'eau, basé à Limoges. « On voit par exemple émerger, ajoute-t-il, différents services dans l'environnement et dans ce qu'on appelle emplois verts. Mais ils n'ont pas de caractère de pérennité et sont souvent proposés à des jeunes en difficultés, à travers des chantiers d'insertion ».
Trop de formation initiale
Certes, les vrais emplois de l'environnement existent et beaucoup sont plus ou moins concernés par l'eau (les éco-conseillers chargés de concevoir des actions de développement durable, les spécialistes de prévention et réduction des pollutions, ceux de la gestion des ressources), mais leur quantité reste faible. L'eau concerne cependant d'autres spécialités plus traditionnelles, allant de ceux qui l'étudient, les chercheurs, hydrologues (spécialiste des eaux de surface), hydrogéologues (eaux souterraines) ou autres hydrobiologistes (surveillance de la qualité de l'eau) à ceux qui s'en occupent dans les différentes stations d'épuration et usines de traitement.
Les formations, du CAP au 3e cycle supérieur correspondent à cette diversité, leurs intitulés étant très nombreux. Peut-être même un peu trop. « C'est vrai qu'il y a trop de formations initiales admet M. Neveu. Chaque région a voulu faire les siennes, sans coordination. Entre l'Education nationale et l'Agriculture, il existe par exemple environ 25 classes de BTS dans les métiers de l'eau. On arrive donc à 500 élèves de ce niveau çhaque année, ce qui est trop élevé ».
Les formations BTS ne sont d'ailleurs pas forcément la panacée. A Dole, le lycée professionnel Duhamel a créé depuis 2 ans un CAP d'agent de la qualité de l'eau, dont les résultats s'avèrent pour l'instant positifs :« La première promotion était constituée en majorité de garçons dont beaucoup effectuent en ce moment leur service militaire, mais nous avons des offres pour eux même après le service assure Sylviane Perron, proviseure du lycée. Une entreprise nous a même déjà dit avoir une offre d'emploi pour les stagiaires en formation cette année. En tous cas, les entreprises n'ont pas forcément besoin de gens qui ont un BTS. Nos élèves en formation complémentaire sont par exemple parfaitement capables de gérer une station d'épuration. » Autre signe encourageant, les élèves du lycée trouvent facilement des lieux de stage, dans toute la France.
Stéphane Paris
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.