En France, la période des festivals bat son plein et le reste de la planète n’est pas en reste. Musique, cinéma, danse, littérature… Le nombre d'événements culturels de ce type s'est multiplié partout en Europe. Souvent synonyme de fête et de rencontres, le festival est symbolique d’une jeunesse qui se rassemble dans la joie et la bonne humeur autour de ses valeurs.
En Laponie,
un festival de musique samie
À des milliers de kilomètres d’ici, le festival "Ijahis idja" se tient à Inari, en Laponie finlandaise. Il s’agit du seul festival célébrant la musique des peuples autochtones. Les Samis, environ 8000 personnes en Finlande, Norvège, Suède et Russie, sont les descendants des éleveurs de rennes du Grand Nord. Longtemps étouffée par l’assimilation qui a eu lieu au fil des siècles de colonisation, la culture samie a marqué sa renaissance ces vingt dernières années par l’intermédiaire des journaux, radios, associations locales et d’un parlement créé en 1996.
Quant au festival, il a lieu depuis 2004 chaque année au mois d’août. Concerts, débats, concours de lassos ou de joik (un chant traditionnel réalisé à partir de vibration de la gorge) rythment les deux jours de cet événement destiné à promouvoir la culture samie et ses traditions. Des sujets comme l’exploitation des ressources naturelles, la destruction des forêts sont des thèmes centraux pour la culture samie, liée par essence à la nature.«Il s’agit non seulement d’être ensemble, mais c’est aussi une manière de réfléchir à un monde meilleur», explique Niillas Holmberg. Ce jeune poète et artiste activiste de 26 ans, écrit et compose en sâme du nord, une langue ayant failli totalement disparaître. «Pour les jeunes gens, être Sami aujourd’hui, signifie grandir entre deux cultures : la "culture majoritaire" et la "culture minoritaire"».
Les Samis dans la série "Jour polaire"
Comme lui, nombre d'artistes se sont s’emparés de la cause des peuples premiers, parmi lesquels Sofia Jannok. La chanteuse suédo-samie, désormais reconnue bien au-delà de la Laponie, est aussi un personnage de "Jour polaire". La série franco-suédoise, diffusée en 2016 à la télévision illustre en filigrane la discrimination de cette population et le malaise dont sont parfois victimes les jeunes issus de cette minorité. «C’est vraiment important de montrer aux enfants ce que nous faisons et d’où nous venons, que notre héritage est bon. C’est valorisant d’être Sami, c’est valorisant de parler notre propre langue et c’est un plaisir de faire du joik et de la musique … », conclut Niilas. Un autre artiste, Mikkâl Antti Morottaja, rappeur originaire d’Inari, est l’un des premiers artistes à rapper dans sa langue maternelle. Et beaucoup de jeunes lui emboîtent le pas…
Pauline Moiret-Brasier
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