À l’annonce du confinement, Jérôme a vu dans cette période d’inactivité professionnelle le moment idéal pour se remettre à l’espagnol. Depuis quelques semaines, grâce au CLA, il peut échanger avec Mateo. Le Centre de linguistique appliquée de Besançon l’a mis en contact avec cet étudiant colombien, qui suit un master à l’Université de Franche-Comté. Ils font partie de la vingtaine de « tandems linguistiques » qui se sont mis en place depuis le début du confinement. « On se Skype environ tous les deux jours, relate le jeune originaire de Bogotá, moi je parle en français, Jérôme en espagnol, et on se corrige mutuellement. » Pour éviter de ne parler que du confinement, les deux interlocuteurs ont décidé de fixer des « thèmes » à leurs conversations : cinéma, musique, littérature, voyage… Et les progrès se font déjà sentir : « Ça revient vite ! » constate Jérôme, quand Mateo a l’impression d’avoir un français « plus fluide », lui qui a rarement l’occasion de parler notre langue, ses cours étant en anglais.
De son côté, Ana, originaire de Valencia, discute avec Mezdan, trentenaire bisontine. « J’ai quasiment tout oublié de l’espagnol, sourit cette dernière, je n’arrive pas à construire une phrase… Mais j’adore cette culture ! » Toutes les deux s’écrivent chaque jour sur Whatsapp. Elles s’envoient même quelques exercices de conjugaison, des articles à lire, des listes de vocabulaire… « Et on se raconte nos vies », précisent-elles.
Pour rompre avec la solitude
Si ces tandems apparaissent comme une bonne façon d’apprendre une nouvelle langue, ils s’avèrent aussi utiles pour « accélérer » le temps durant cette période de confinement. « J’habite seule, c’est parfois lourd à gérer, confie Mezdan, mais grâce à Ana, les journées sont moins longues ». C’est aussi « par solidarité avec les étudiants de la Bouloie » que Jérôme s’est inscrit à ce programme : « Je sais ce que c’est de vivre dans 9 m² », assure-t-il. Son binôme a pu rejoindre deux amis en colocation, mais Ana, elle, est toujours dans sa chambre. Elle préfère cependant être ici qu’en Espagne : « Chez moi, je n’aurais rien fait. Ici, je fais quelque chose de productif en apprenant le français ! » relativise-t-elle.
Après le confinement, elle est censée prendre la direction de Dijon pour réaliser un stage. Elle n’est pas sûre de pouvoir rencontrer Mezdan « en vrai ». En revanche, Jérôme et Mateo ont déjà pris un rendez-vous post-confinement : « Je lui ai proposé de venir boire un coup à la maison, confirme Jérôme, je lui présenterai des amis français ! ».
Camille Jourdan
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