La meilleure prévention consisterait bien entendu à ne pas fumer. Difficile dans notre société où le tabac, la cigarette véhiculent des images valorisantes et positives chez les plus jeunes et cela malgré la mise en garde croissante des parents face à ce produit. Il faut dire que les promoteurs du tabagisme ne manquent pas et qu'ils arrivent bien souvent, malgré la loi existante en matière notamment de publicité, à influencer les consommateurs les plus fragiles c'est-à-dire les adolescents. La promotion du tabac suggère souvent un lien entre le fait de fumer et celui de devenir adulte ; lien symbole de séduction et de réussite sociale. Certes cette image tendrait à s'amenuiser puisque la publicité directe et indirecte pour le tabac et ses différents produits serait interdite au 1 er janvier 1993 dans tous les pays membres de la Communauté européenne. Mais la publicité n'est pas le seul facteur déterminant du tabagisme. En effet, l'initiation au tabac, souvent effectuée à la période de l'adolescence, relève de l'interaction des paramètres suivants : environnement et effets relationnels (un ami qui fume, ambiance sympa des fumeurs...) mais aussi opinions positives sur les avantages personnels conférés au tabac (limite la prise de poids, calme les nerfs et autres faux bruits !).
Le fait de fumer est ressenti par les fumeurs comme un droit, le respect de leur liberté ; il convient d'appliquer la réciprocité aux non-fumeurs. Ils ne sont ni parias ni outsiders.

   Pile ou face

A chacun de choisir. Les faits sont là. Les conséquences pathologiques du tabac sont réelles. Plutôt que d'analyser ou converser sur ses facettes, TOPO vous livre quelques infos, quelques chiffres qui, on l'espère, vous apporteront une autre image du tabagisme. Déjà certains pays ont réussi à casser cette image valorisante du tabac en créant ici et là des clubs poursuivant trois objectifs : fournir des informations précises sur la nocivité du tabac, organiser des activités sportives et culturelles sans fumée et aider les jeunes à se défendre face aux pressions sociales et médiatiques. Ce sont les «smoke busters» (anglais), les «clubs dos caca cigarillos» (portugais) ou les «pataclops» français.

Pile...
• Le tabac fait vivre : près de 7 000 personnes employées à la Seita, 18 000 planteurs et 46 000 buralistes. • Un marché rentable : la Seita était en 1989 la soixante deuxième entreprise industrielle française avec un chiffre d'affaires de 10 300 000 000 F. • Une cigarette c'est 75 % de taxes qui rapportent chaque année à l'Etat 25 milliards de francs: une bouffée ! • Insolents bénéfices ! Chez Philipp Morris, si la fabrication de cigarettes ne représente que 40 % du chiffre d'affaires, elle génère 60 % des bénéfices ! • Le taylorisme appliqué au tabac : on se frotte les mains outre-atlantique à l'usine phare de P. Morris à Richmond. En dix ans la productivité a doublé : 8 000 cigarettes à la minute soit 500 millions par jour. • L'Europe de l'Est suscite un intérêt tout particulier chez les industriels du tabac : son marché est estimé à 700 milliards de cigarettes par an, ce qui le placerait au deuxième rang mondial après la Chine. • La consommation annuelle et par habitant : le leader est la Pologne avec 2 615 cigarettes consommées suivi de très près par le Japon (2 523) et l'Oncle sam (2 306). La France occupe la huitième place juste derrière la Grande-Bretagne et l'Italie. • Le double jeu de la Communauté européenne : d'un côté elle finance le programme «l'Europe contre le can-cer» et de l'autre elle garantit le versement de subventions aux planteurs de tabac ! Les mesures du tabac réclamées par l'OMS et sans cesse repoussées laissent envisager que l'intérêt politique et économique du marché du tabac est nettement supérieur aux coûts médicaux qu'il engendre.

Face...
• 85 % des cancers du poumon sont liés au tabagisme. Et la fréquence des cancers, chez les fumeurs, est accrue pour tous les tissus qui sont directement ou indirectement en contact avec la fumée : lèvres, langue, bouche, gorge, oesophage, pancréas et voies urinaires. • Chaque année, le tabac est directement responsable de la mort de 70 000 Français et coûte 26 milliards de francs. Selon les statistiques de l'OMS, le tabac est probablement responsable de 25 % au moins de l'ensemble des cas de mortalité des adultes de 35 à 69 ans. • Selon une étude anglaise, les enfants qui vivent dans un foyer où au moins un des parents fume ont deux fois plus de chance de devenir des fumeurs réguliers que ceux qui ont des parents non-fumeurs. • Paradoxale jeunesse : «Fumer c'est mauvais pour la santé» déclarent neuf jeunes Européens sur dix mais un sur dix s'est essayé à fumer avant l'âge de 11 ans. Chez les 11-15 ans, plus d'un Européen sur quatre a déjà fumé avec certes des différences importantes entre les pays : un sur deux au Danemark et moins de deux sur dix en Grèce et en Italie. La différence entre sexes est quasi inexistante : 30 % de garçons contre 24 % de filles. • Tout est relatif: malgré une baisse de la consommation, un Américain consomme en moyenne 2300 cigarettes par an contre 1700 pour un Français. • Dans les avions, des analyses ont montré que les taux de nicotine mesurés chez les passagers après 4 h de vol, pouvaient être aussi élevés chez ceux de l'aire non-fumeur que chez ceux de l'aire fumeur ! • Femme et tabac : le risque cardiovasculaire est de 2 à 15 fois supérieur, la ménopause est avancée de 2 ans, la décalcification des os accrue, et les grossesses extra-utérines plus fréquentes ! Cette énumération n'est hélas pas exhaustive ! • Un outil indispensable : les registres du cancer créés avec l'aide de la Ligue nationale contre le cancer enregistrent depuis 1976 tous les nouveaux cas de cancer survenant dans une population définie. Le Doubs fut l'un des premiers département à mettre en place cette structure. • Besançon ne se contente pas d'enregistrer les décès, elle agit de façon préventive et conviviale : Besançon non fumeur. • Toutes les minutes, un citoyen de la CE meurt d'une maladie imputable au tabac, ce qui représente 440 000 décès par an.

C.B.