septembre 2014

Je suis berger

Dans le haut Jura, Quentin Putelat exerce avec bonheur «le premier métier de l’humain».
Photo Laurent Cheviet

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Le Grand Sennailley se situe à 1330 m sur la Dôle, à la frontière franco-suisse, au-dessus du village des Rousses. C’est là que Quentin Putelat passe son 2e été à garder les vaches d’un éleveur suisse du canton de Vaud, producteur de fromage à raclette. 123 génisses, 6 vaches laitières et 12 veaux. Il y est de juin à septembre, en astreinte pleine, «mais avec les temps de préparation (barbelés, abreuvoirs…), de nettoyage et de rangement,  cela correspond plutôt à 5 voire 6 mois de vie». Il est là pour garder les troupeaux, s’occuper de la traite matin et soir, entretenir les lieux.
«Quelque part, c’est le premier métier de l’humain sourit-il. Moi, je l’ai découvert gamin, j’ai grandi au milieu des bergers, car je suis du coin. Plus tard, j’ai eu une pratique agricole, j’ai fait des semaines de remplacement et des stages chez des agriculteurs. Après, on apprend sur le tas. Ce n’est pas un métier compliqué mais il faut avoir le sens animalier, savoir regarder et sentir l’état des bêtes, faire la traite. Contrôler le troupeau, bête par bête, chaque jour. S’il  en manque une, il faut la retrouver. Et il y a l’aspect entretien du bâti et du terrain : faucher, débarrasser les plantes envahissantes, être vigilant sur l’eau, vérifier, réparer, renforcer les clôtures».

Ethnologie, plongée, agriculture

Grandi au Tabagnoz, à côté de Prémanon, il y a 33 ans, Quentin Putelat est revenu aux sources par ce biais. Sa formation, elle, est loin du monde agricole : bac S, licence de socio-anthropologie option ethnologie à l’Université de Franche-Comté et brevet d’Etat d’éducateur sportif en plongée sous-marine car «on m’a fait comprendre que les débouchés de l’ethnologie n’étaient pas très ouverts. En plongée, j’ai fait 8 saisons en Méditerranée, en Bretagne et dans le Jura, mais pour aller plus loin il fallait investir. Mais je pense qu’avec ma femme, on y reviendra, car cela peut être un complément de l’activité agricole».
La saisonnalité, une des caractéristiques du métier, nécessite de trouver une activité complémentaire. Parmi les options, Quentin Putelat a aussi l’idée de s’installer en agriculture car il a suivi une formation en maraîchage bio au lycée agricole de Montmorot. «J’aimerais m’installer sur les Hautes Combes, mais actuellement, il est difficile de trouver des terres. Mais j’aime ce coin et je pourrais faire cela longtemps».

Qui entretient les espaces pastoraux ?

Il a pris goût au métier. Il est même devenu président de l’association des bergers du Jura franco-suisse (1). Il s’est documenté et pourrait en parler longtemps.
«Chaque massif, chaque troupeau a ses spécificités. Un vacher, un garde-génisses, un chevrier ne font pas exactement le même métier. Mais dans l’ensemble, les bergers ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Qui entretient les espaces pastoraux du massif du Jura, contribuant à son attractivité touristique ? Et si, personnellement, je gagne bien ma vie, pour ceux qui travaillent en France, c’est moins évident. Malgré tout, le métier a évolué : dans les années 80, il y avait plus d’animation, mais la vie de berger était plus rude. Aujourd’hui, à côté, c’est de la rigolade».

Stéphane Paris
(1)
Assocation des bergers du Jura franco-suisse et amis
4 place de l'Eglise
25240 Mouthe
03 81 69 13 70
bergersdujura.org

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