Patience et passion semblent les deux mots-clés à l’oeuvre dans le parcours de Cédric Plumey. Son métier, c’est le tissage, dans un atelier qu’il a constitué lui-même en créant son entreprise il y a bientôt 8 ans, à Etupes. Le métier est en soi un travail de patience, d’autant que Cédric a dès le départ choisi de travailler à l’ancienne. Sans aller jusqu’au métier à tisser manuel, mais en récupérant des machines à droite et à gauche, la plus ancienne datant de 1892. Deux bobinoirs des années 70, un ourdissoir de 1907.« Elles viennent d’Alsace, d’Italie, d’Angleterre, de Belgique et même de Suède. J’en ai une dizaine qu’il a fallu remettre en état, adapter, régler, ce qui prend pas mal de temps ».
Il s’est formé seul, à partir de vieux manuels et de rencontres de professionnels, en tâtonnant au départ. Il a dû s’initier à la fois à la mécanique et aux techniques de tissage, pour être capable de réaliser l’ensemble des étapes, depuis les bobines de fils jusqu’à l’étoffe. « C’est quand même un métier dur à apprendre. Aujourd’hui, j’en apprends encore ! J’ai fait du tissu rapidement, mais avant de pouvoir produire en qualité, ça a pris un an et demi. » Initialement, il a suivi des études en école de commerce, avant de travailler chez Louis Vuitton, à Paris. « J’ai eu cette expérience en alternance pour voir ce que c’était, mais je ne me voyais pas faire ça sur le long terme. Ça ne me plaisait pas, je n’ai pas voulu continuer. Je voulais être à mon compte et je me suis orienté par passion pour le textile. Je me suis intéressé de plus près aux tissus, aux vêtements, à la technique et je me suis dit qu’il y avait peut-être de la place pour du tissu français avec la volonté de travailler de la manière la plus écologique et responsable possible ».
De retour dans sa ville natale de Montbéliard, il a créé son entreprise à 24 ans, aidé par la pépinière d’entreprises Technoland, à Etupes. Il y est toujours, dans un atelier où il travaille seul. « En ce moment, ça repart, mais il y a eu des aléas. J’ai eu des commandes à partir de fin 2017, ça a commencé à être mieux en 2019, puis moins bien l’année suivante. Ça s’améliore de nouveau depuis la fin de l’année dernière. Mais ça va, même si j’espérais être plus loin au bout de 9 ans. Globalement, je suis content de ce que je fais, surtout du point de vue technique. Seul pour produire 2000 m par mois, c’est bien. En tout cas, je ne regrette pas mon choix ». Même si créer et lancer une entreprise est un parcours de longue haleine. « Je ne compte pas mes heures. Je dois être en moyenne à 50 h. Mais avant, c’était plutôt 70 ! »
Il se fournit en Allemagne, en Espagne ou en Italie. A partir de coton, de laine, de lin, de chanvre et de soie, il développe et fabrique du tissu pour l’habillement ou le linge de maison. Sa clientèle est elle aussi internationale. « J’ai même vendu au Japon ».
Il sait qu’il ne communique pas assez, par manque de temps. « On me trouve principalement par bouche à oreille ou sur Instagram. Mais je me donne la perspective de pouvoir grandir en embauchant ». S’adressant principalement aux professionnels, il aimerait développer la vente aux particuliers, qu’il a toujours proposée mais sans la mettre en avant, ouvrir une boutique, peut-être se déplacer. Une chose est sûre, il a acquis un savoir-faire précieux. « J’aimerais continuer dans ce métier, en restant indépendant. Quand ça ne marchait pas, j’ai cherché du travail et j’en avais trouvé dans la branche en Suisse. Si je suis obligé, je pourrai me tourner vers le salariat, mais sinon, je préfère être mon propre patron ».
S.P.
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