Quand il a commencé sa carrière d’éducateur sportif à l’école des sports de Meaux, Christophe Sazy travaillait essentiellement avec des enfants. Aujourd’hui salarié de Profession sport et loisirs à Montbéliard, il a récemment fait ses premières interventions en Ehpad. « En 20 ans, j’ai connu tous les publics » dit-il, juste après avoir terminé une séance de renforcement pour adultes donné à l’Axone. Pas de lassitude chez lui, alors qu’auparavant il a travaillé en mécanique dans l’armée puis a voulu se reconvertir dans la comptabilité. « Ce n’était pas possible pour moi d'être dans un bureau alors j’ai passé un BP Jeps activités physiques pour tous, qui permet de travailler dans le sport sans forcément beaucoup de diplômes. Ensuite,je l’ai complété avec un DU sport santé. Depuis que j’ai commencé, j’ai toujours travaillé ».
Si l’on pose la question aux responsables de formations, la réponse est unanime : il n’y a actuellement pas trop de problème pour travailler dans le domaine du sport. Ce qui tombe bien puisqu’il représenterait l’un des secteurs les plus attractifs auprès des 16 – 25 ans d’après une étude du Crédoc (1) de 2024. Directeur de Profession sport et loisirs, un organisme à la fois formateur et employeur, Cédric Chapuis confirme « une insertion plutôt bonne » voire excellente en ce qui concerne le dommaine aquatique. « Il y a plus d’activité, plus de possibilités, c’est une certitude ».
La période est propice parce que le secteur est plus professionnalisé, avec des besoins de salariés là où il y a quelques décennies on trouvait des bénévoles. Mais l’activité sportive elle-même s’est étendue de manière sociétale sous l’influence de notions telles que bien-être, sport santé, sport pour séniors. La population vieillit mais pour vieillir en bonne santé, l’activité physique est essentielle.
Perspectives nombreuses
D’un côté, il n’est pas évident de s’y retrouver dans l’offre de formation, avec des diplômes dans l’enseignement supérieur, d’autres émanant de la filière Jeunesse et Sport, certains sur Parcoursup, d’autres non. De l’autre, cela génère des possibilités pour tous les publics. « Depuis 2017, on s’adresse même à ceux qui sont sortis tôt du système scolaire en leur proposant une préformation avec le dispositif Mod’emploi. C’est une possibilité d’entrée en insertion rapide. Aujourd’hui on a des jeunes qui sont passés par là et qui sont en CDI » assure Cédric Chapuis.
L’enquête du Crédoc confirme que les plus jeunes sont attirés par l’image du sport de haut niveau, mais ne connaissent pas forcément la diversité des métiers proposés, souvent réduite à celle d’athlète, d’entraîneur ou de prof. « Même quand on dit prof de sport cela reste vague. En lycée, on est prof d’EPS. En salle, éducateur sportif. Quand on obtient un concours du ministère des Sports, on est reconnu comme prof de sport mais cela recouvre différentes réalités : on peut être formateur, cadre technique, directeur, etc. » détaille Patrice Liboz, responsable du département formation au Creps de Bourgogne-Franche-Comté. Selon le Crédoc, des activités relevant de l’animation, de l’enseignement hors temps scolaire ou de l’équipement seraient souvent occultées. « Quand on veut s’orienter vers les professions du sport, il faut déjà avoir une compréhension de l’objectif que l’on se fixe. Mais l’existence de deux filières principales, celle traditionnelle de la fac de sport et celle, plus courte, des diplômes de Jeunesse et Sport ouvrent les perspectives ».
Relations humaines
En tout cas, il confirme : « Il y a de l’emploi. Dans nos formations de maître-nageur, on n’a même pas assez de stagiaires par rapport à l’offre. Il y a des besoins d’autant que de manière générale la baisse démographique engendre une baisse du nombre de candidats ». Dans ces circonstances, Hervé Assadi, directeur de l’UFR Staps Dijon-Le Creusot est satisfait de voir des effectifs stables. Mais surtout, « toutes filières confondues, nous enregistrons un taux d’emploi de 92 % à 3 mois ».
L’enquête du Crédoc menée auprès de 1533 jeunes relève deux motivations principales : l’attrait pour le sport et les valeurs, la possibilité de vivre de sa passion. Mais à part aimer le sport, de quelles qualités générales doit-on faire preuve ? Christophe Sazy répond : « Savoir s’adapter à la diversité des publics, être à l’écoute, avoir le sens du contact humain, aimer transmettre. Garder le sourire. Quand on fait une séance de renforcement, c’est dur, il faut montrer les gestes mais aussi soutenir les gens dans l’effort. Si vous faites ça sans entrain, vous ne les portez pas. Il ne faut pas oublier qu’on fait faire du sport et que le sport fait du bien à la tête ». C’est aussi l’un des aspects positifs de ces professions : « La relation humaine est un point très important. Il y a une forme de reconnaissance réciproque. Je me souviens qu’après une séance de tir à l’arc à Brognard, les gamins étaient venus spontanément me remercier. Dans ces cas-là, on est touché. J’ai dit aux parents que c’était mon deuxième salaire ! »
S.P.
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