Ces dernières années, deux événements ont modifié le paysage de la scierie française. D’abord la tempête de 99 qui a généré un afflux de bois, permis de gagner de l’argent, équilibrer les comptes, investir.
«Même si dans les deux ans qui ont suivi, on a eu autant de bois déprécié que de bois coupé», selon Christophe Regnaud, patron de la scierie du même nom à Courvières, haut Doubs. Plus récemment, la crise a eu ses effets négatifs.
«On a eu les mêmes problèmes qu’ailleurs, mais globalement cela ne s’est pas trop mal passé pour la filière bois comparativement à d’autres secteurs beaucoup plus touchés».
Dépendance de la conjoncture
La filière dépend beaucoup de conditions extérieures. De la conjoncture et du marché du bois à la fois en amont et en aval, des commandes, des propriétaires privés qui vendent plutôt leur bois quand les prix sont hauts. Mais bon mal an, il y a du travail. Notamment parce que les jeunes sont peu nombreux à s’y diriger. Selon l’association régionale pour le développement de la forêt et des industries du bois en Franche-Comté, «les entreprises sont aujourd’hui en pénurie de main d’œuvre qualifiée, à tous les niveaux : de la production avec des opérateurs sur machines à commandes numériques, aux commerciaux, en passant par l’affûtage». Environ 160 scieries sont implantées dans la région, ce qui fait de la Franche-Comté la 3e région française. C’est aussi la 4e sur le plan de la production de sciage, qui représente 10 % du volume national.
«Il y a du travail confirme Christophe Regnaud. Une personne motivée, même sans formation, peut intégrer une scierie, si elle veut bien s’y donner. On récupère parfois des gens qui se sont formés en boulangerie, pâtisserie ou boucherie et qui s’adaptent facilement. Ce n’est pas si mal payé puisqu’il faut ajouter des primes et un 13e mois au smic».
Mais les métiers d’affûteur, de classeur de bois, de scieur ont encore une image négative et obsolète. Pour cette raison, l’Adib vient de lancer la campagne «Faites-vous une idée neuve du métier de scieur», DVD explicatif à l’appui.
«Même s’il est vrai qu’il n’est pas toujours facile de travailler dans le parc l’hiver, les conditions de travail ont quand même beaucoup évolué, on suit l’évolution technologique, il y a moins de manutention. Cela induit un besoin de personnel formé en maintenance et cela ouvre le métier aux femmes. Il y a aussi plus de postes à responsabilités qu’avant. La scierie avec un patron et 2 ou 3 salariés existe de moins en moins».
Pour compléter le tableau, «la 2e transformation du bois permet de proposer des postes qualifiés. Car on fait de plus en plus de sur-mesure. Nos clients charpentiers veulent plutôt des produits finis ou semi-finis alors qu’avant ils prenaient du bois brut. Cela occasionne un coût de transformation supérieur mais aussi une plus-value différente».
Christophe Regnaud paraît assez confiant sur l’avenir :
«je pense que la demande de bois va augmenter, avec des commandes de plus en plus spécifiques, mais aussi des regroupements de scierie dans la région car les structures, ici, sont plutôt des entreprises de famille qui manquent de fonds propres. Pour répondre aux investissements nécessaires, il va falloir se regrouper».
Lui-même s’est associé avec 5 autres scieurs pour racheter une scierie à Levier et mieux répondre à la demande en disposant d’un panel de produits plus large.
Stéphane Paris
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