Les temps sont difficiles pour la laïcité. Un principe républicain remis en cause, souvent par mauvaise compréhension. Un principe qui n’est en rien antireligieux mais comme cette simple idée de base n’apparaît pas évidente à tous, la tâche de ceux qui veulent l’expliquer semble compliquée. Pourtant la loi la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État le stipule d’emblée : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions (…) édictées dans l'intérêt de l'ordre public. »
« Cette loi offre beaucoup de libertés, mais toute liberté appelle des limites rappelle Henri Combi, président du collectif Café Charlie. On a tendance à ne retenir que celles-là. Mais ce sont une notion et une loi qui demeurent mal connues. Beaucoup de gens pensent que la laïcité interdit de pratiquer un culte dans l’espace public. C’est faux. On peut pratiquer à condition de ne pas troubler l’ordre public ».
La laïcité repose sur trois principes : la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l'ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses et l'égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions. Créé après les attentats de 2015, le collectif n’a de cesse d’organiser des débats, d’organiser des interventions et des animations pédagogiques, notamment en direction des jeunes, dans les établissements scolaires comme en dehors. Sans découragement. « Au contraire, il ne faut justement pas lâcher. Même si c’est un travail de fourmi ».
A l’occasion de la semaine de la laïcité organisée autour de la journée du 9 décembre (jour de l’adoption de la loi), le collectif devait proposer cette année plusieurs rendez-vous en coopération avec le Cij de Haute-Saône, la Ligue de l’enseignement, Léo Lagrange, SOS Racisme et Trajectoires ressources. La Covid en a décidé autrement. Il était notamment prévu une journée de débats le 5 décembre, des rencontres sportives pour les primaires le 9, un spectacle de théâtre-forum, « La laïcité sur scène » les 10 et 11 à Vesoul (reporté en 2021). Le 12, une journée danse et pensée était programmée en partenariat avec la maison de quartier de Montrapon à Besançon : une manière originale d’aborder le débat à partir d’extraits de danse animés par la compagnie Dans6T. Par ailleurs, Café Charlie avait prévu un spectacle de théâtre forum au sujet des discriminations, J’rigole par la compagnie des Trois Sœurs, le 15 décembre.
Cette action fait partie de la trentaine menées par le collectif au cours de l’année. Elles tournent autour des valeurs républicaines, de l’éducation à la citoyenneté et de la prévention de la radicalité. Le programme révèle une manière d'aborder le problème sans être directif. « Nous préférons le débat aux leçons ou aux cours, pour amener les jeunes à discuter entre eux car ils écoutent plus les avis et les arguments s’ils viennent de quelqu’un de leur entourage ou de leur âge plutôt que des adultes. On les aide à élaborer leurs arguments, à ne pas en rester aux idées reçues. Depuis que l’on a commencé, on s’aperçoit que beaucoup ont des choses à dire, notamment quand ils s’aperçoivent qu’on ne les juge pas. Mais nous n’avons jamais rencontré de problème particulier ou d’opposition explicite notamment sur des questions idéologiques ».
S.P.
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