Parmi les raisons invoquées par les défenseurs du véganisme, le bien-être animal est l’une des principales. Le traitement infligé dans les abattoirs a donné lieu à une sensibilisation récente de l’opinion, notamment à travers les films chocs de l’association L214. S’abstenir de manger de la viande revient à s’abstenir de toute complicité.
Pour certains - une minorité cela dit - s’en tenir là ne suffit pas. Raisonnement : si tout le monde ne devient pas végan, il est illusoire de vouloir mettre fin à l’élevage dans l’optique de nourriture. C’est tout ou rien. Ce chemin totalitaire est par exemple réclamé par les responsables du blog
boucherie-abolition.com. Le lire est révélateur. Les raisonnements spécieux s’accommodent d’exagérations (« lait =viol »), insultes et points Godwin à chaque paragraphe. Etre végan non activiste est par exemple assimilé à une forme de collaboration :
« le veganisme est une collaboration passive au zoocide industriel… Etre “vegan” c’est être dans l’attitude passive de l’inertie. Et quand le passif se met à convertir autrui par un “go vegan”, qu’il sort de son silence pour faire une injonction à l’inertie c’est la souffrance infinie des animaux qui prend perpétuité » (sic). Quand le geste se joint à la parole,
« on aboutit à des actions de vandalisme et d’intimidation visant des boucheries et d’autres acteurs de la filière alimentaire animale » que rappelle Eddy Fougier dans son étude sur
La Contestation animaliste radicale.
D'un extrême l'autre
Ces ultraminoritaires se disent antispécistes ou animalistes et militent pour la fin de toute forme d’exploitation des animaux, allant au-delà des actions des associations traditionnelles de protection des bêtes comme la SPA. Eddy Fougier fait la distinction :
« si le véganisme est une philosophie et un mode de vie alternatifs, l’antispécisme apparaît plutôt comme une idéologie, un courant intellectuel et une vision du monde antisystème ». Sa typologie sépare les organisations économiques véganes autour d’associations professionnelles faisant la promotion de modes de production alternatifs, les associations d’information et de sensibilisation telles L214, 269 Life France et les groupes de libération animale recourant à des actions de désobéissance, d’intrusions illégales, d’actions violentes. Eddy Fougier suppose que ce mode d’action plus que l’idéologie les a rapprochés de groupes d’ultragauche ou d’extrême droite. Car le radicalisme peut tout défendre, y compris l’extrême inverse, le régime carnivore, à l’image de la jeune bloggeuse américaine Alyse Parker, passée en quelques temps du véganisme au full carnivore…
S.P.
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