Il existe, à la Maison de la nature de Brussey, un vaste terrain de 7 hectares où le visiteur peut découvrir un verger de 180 variétés de fruits, un espace «plantes aromatiques», un jardin entouré de haies, bosquets, mares, pâtures avec des ânes. Un lieu constitué par le CPIE (Centre permanent d'initiation à l'environnement) de la vallée de l'Ognon, qui a également installé là quelques postes d'observation. Tout cela afin de mieux conjuguer les trois rôles principaux d'un CPIE : chercher, en offrant des services d'étude, d'expertise de l'environnement, avec un souci de convergence entre impératifs économiques et protection de l'environnement ; développer, en agissant avec les partenaires locaux pour valoriser leur pays et enfin transmettre des programmes et outils pédagogiques adaptés et renouvelês en permanence. Le terrain de Brussey constitue l'un de ces supports pédagogiques. Le visiteur peut y contempler des races de pommes ayant disparu ou observer comment créer son propre «verger conservatoire».
«Il y a peu de temps, le CPIE de la vallée de l'Ognon a également organisé un fête de la nature qui a rassemblé 2000 personnes» se réjouit Alain Bernard, délégué de l'union régionale des CPIE. Un signe qui montre l'attachement. du public à l'environnement. Les éditions de livres, CD ou jeux éducatifs lancées par les CPIE en Franche-Comté dans le cadre de leur programme d'initiation rencontrent un succès certain. Mais le rôle principal des centres, en direction du grand public, consiste avant tout à mieux faire découvrir les sites naturels, sur place. «Nous menons par exemple une action d'interprétation et de valorisation des sites touristiques, tel le sentier aménagé autour du lac Saint-Point. L'objectif, c'est que les gens aillent sur le terrain. Qu'ils aillent voir par eux-mêmes ce qu'est une falaise du haut Jura. Notre rôle est d'inciter et guider» précise Alain Bernard. Découvrir la nature certes, mais en apprenant à ne pas la détériorer. «Sur des sites fragiles comme les tourbières, il ne faut pas que les gens aillent n'importe où. Les sentiers d'interprétation sont aussi faits pour que les promeneurs sachent où aller sans générer trop de contraintes et de pressions sur le milieu naturel. Même s'ils sont fragiles, il vaut mieux aménager certains endroits plutôt que dire n'en parlons pas trop au public et ne faisons rien, avec le risque de voir quand même détruite une partie de la flore».
Une région attentive à ses sites
Outre celui de la vallée de l'Ognon, il existe 3 CPIE,en Franche-Comté, à Frasne (Doubs), Sergenaux et Saint-Lupicin (Jura), ainsi qu'un Atelier permanent d'initiation à l'environnement urbain (APIEU) à Besançon. Au total, 5 des 43 structures que compte la France : cette disproportion, pour une des régions les plus petites du territoire, montre la préoccupation de cette dernière pour l'environnement. Mieux, la région a instauré au début des années 90 une Union régionale des CPIE. Deux autres collectivités locales (Rhônes-Alpes et Auvergne) ont fait de même, mais seule la Franche-Comté a mis en place une véritable structure avec 5 salariés. «On fait figure d'exemple note Alain Bernard, délégué de l'Union régionale. Trois raisons ont permis la création d'une telle structure. D'abord le terrain qui s'y prêtait, avec la présence de 5 CPIE. Puis des gens, des scientifiques assez volontaires pour pousser le projet. Et enfin des organismes comme la Région, la Datar et la Diren qui souhaitaient avoir un partenaire très structuré.»
La création de cette union a permis de développer ou générer certaines actions, notamment dans les domaines de la forma-tion professionnelle et de l'édition. «Aucun CPIE n'aurait pu lancer ces programmes tout seul» souligne Alain Bernard. De ce fait, les CPIE peuvent proposer des formations professionnelles de techniciens-animateurs tourisme nature (Beatep), de BTS gestion des espaces naturels et d'éco-interprètes. Cette dernière formation est unique en France.
Une politique éditoriale
Motif de satisfaction, «les institutionnels de la région sont assez actifs. Il y a des atouts, les partenaires prennent bien en compte l'aspect environnemental». Un exemple, EDF : pour montrer ses préoccupations dans ce domaine, l'organisme a signé un accord cadre pour aider à créer des postes d'encadrement dans les CPIE. Les deux premières conventions ont été conclues en Franche-Comté. Dans la .pratique, EDF finance 3 années des postes à hauteur de 50 % du salaire et des charges. Pour le moment, 5 emplois ont pu ainsi être créés et 2 autres sont en bonne voie. «EDF Franche-Comté semble très sensibilisé, remarque Alain Bernard. Avec eux, il s'agit d'un vrai partenariat, pas seulement de sponsoring». EDF, a par exemple récemment participé à l'édition de documents pédagogiques dans le cadre de l'opération «Montagne des hommes - vivre en relief», coréalisée par l'URCPIE et le CRDP en collaboration avec le Commissartiat à l'aménagement du Jura et des Vosges. Ces différents partenariats permettent aux CPIE francs-comtois de mener une politique éditoriale forte (livres, BD, vidéo, CD...), ayant pour objectif de permettre au public de mieux appréhender le patrimoine naturel.
Stéphane Paris
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