On arrive par un chemin cahoteux qui a le mérite d'empêcher de rouler vite. A l'entrée du terrain et des cinq bâtisses qui forment pour l'instant «bio-lopin», ces mots d'accueil : «Bienvenue à bio-lopin, voici un plan du lieu, vous pouvez visiter avec plaisir», «la grande salle est à votre disposition avec un coin lecture, des infos, un point-phone» et ce message : «Ici, nous voulons développer un lieu de vie, un hameau et des activités écologiques, solidaires». Dans un monde où le mot économie impose sa loi, il n'est parfois pas inutile de revenir à son étymologie : l'administration ou l'organisation de la maison. «Bio-lopin», c'est un peu ça : du mot grec signifiant la vie et de lopin, petit terrain, on est là dans un «petit territoire de vie». Pour l'instant, 2 enfants et 3 adultes y vivent, dont le créateur du lieu il y a 10 ans, Alain Richard.
La raison d'être du lieu est aussi d'évoluer, de croître, au gré d'habitants de passage ou souhaitant s'installer durablement. « On attend la venue d'une famille d'Auxerre qui pratique une activité de ferme pédagogique dit Alain Richard. Cela permettrait de relancer cette activité, entre parenthèses ces derniers temps. Ici, nous voulons façonner un lieu de vie et de déve-oppement local durable ».
Le lieu se déclare «centre d'alternatives appliquées». On y mange bio des produits fabriqués sur place, les maisons sont construites selon les méthodes de «bio-construction», en particulier le mur de bois cordé ou le mur de paille, les énergies et ressources alternatives et renou-elables sont privilégiées. Et « on essaie, on cherche, on innove dans les techniques comme dans le fonctionnement social et économique ». Le site, ouvert au public, possède chambres et tables d'hôtes, dortoir, camping et aussi un atelier sculpture, une menuiserie, une étable, une serre, une maison des enfants... On peut venir en vacances, en week-end ou en stage d'une semaine pour découvrir ces techniques de «l'autoconstruction» sur les postes principaux d'une maison : fondations, drains, dalles, murs, structures, toits. Les habitants de Bio-lopin ne sont ni nostalgiques du passé, ni repliés sur eux-mêmes, au contraire. L'accueil chaleureux le prouve, ainsi que les relations multiples tissés avec des réseaux ou des organismes (écovillages, Economie alternative et solidaire, fédération de défense de
l'environnement du Jura, SEL-Est ou association jurassienne pour les énergies alternatives...) et les participations régulières à des foires, des salons, des conférences... En sortant, on remarque cette parole indienne (?) accrochée au mur : « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson pêché, les hommes vont s'apercevoir que l'argent n'est pas comestible ». On repart à la vitesse des anciens.
S.P.
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