Cette chanson de Maxime Le Forestier mentionnait déjà les difficultés rencontrées par «l'arbre des villes». Il faut admettre que le milieu urbain propose à l'arbre des conditions d'existence particulièrement difficiles, bien différentes de celles de «l'arbre des champs» : revêtement des sols, nombreux ouvrages creusés dans le sous-sol, conditions atmosphériques, grande fréquentation des espaces, etc. Nul ne voit, en ville, l'arbre germer, jaillir du sol. Quand on le plante, il semble qu'on l'amène comme un accessoire du décor urbain. Il est vrai que l'un des premiers rôles que l'homme lui a attribué fut d'embellir la ville, rôle esthétique joué grâce à l'aspect décoratif de sa silhouette, différente d'une espèce à l'autre, par les teintes de son feuillage changeant au fil des saisons. On l'a chargé de nombreuses fonctions : mettre en valeur l'architecture, assouplir les lignes trop rigides du paysage urbain, cacher des façades désagréables à voir, donner de la cohérence à une rue ou à un passage, abriter une place... S'il partage avec le ciel le privilège d'être l'un des premiers éléments naturels dans la ville, c'est lui cependant qui éveille à l'idée de nature... Son rôle psychologique et poétique n'est donc pas négligeable. Ces rôles sont en général parfaitement identifiés par le citadin.
Par contre, le rôle biologique de l'arbre est moins connu car difficile à observer. Il est pourtant très important, jugez-en :
- il régule le taux de CO 2 (dioxyde de carbone) dans l'atmosphère, en le consommant et en rejetant de l'oxygène (0 2) pendant la journée : c'est le phénomène de photosynthèse,
- il assainit l'air de la ville : les feuilles captent les poussières qui proviennent des multiples activités qui se déroulent dans la ville, elles absorbent les microbes et les polluants chimiques de l'air (en particulier le plomb, produit par les véhicules automobiles et très dangereux pour l'homme),
- il apporte une certaine humidité atmosphérique en rejetant de la vapeur d'eau lors de sa transpiration,
- il amortit le bruit de la vie urbaine et peut assumer une fonction d'écran anti-bruit. En bref, un vrai travail de titan... qu'il accomplit dans des conditions de sol et d'atmosphère peu favorables.
L'arbre souffre d'atteintes :
- aux racines, lors des travaux mécaniques conduits au niveau du sol ou du sous-sol (vibrations des marteaux-piqueurs, tranchées...) et par compactage, tassement, bitumage ou piétinement,
- au tronc, lorsqu'il est heurté par les véhicules ou utilisé comme support,
- aux branches, lors de tailles répétées ou abusives,
- au feuillage, par l'agression constante des polluants atmosphériques et par l'éclairage.
Les manques d'eau, d'éléments nutritifs et d'air affaiblissent l'arbre qui devient moins résistant à ces divers traumatismes.
Des mesures de prévention contre les agressions sont possibles : entourage protecteur du jeune arbre, aération au pied de l'arbre... Des soins sont également préconisés dans certaines villes, comme à Besançon où est pratiquée la technique de la chirurgie arboricole : pour guérir une plaie, par exemple, celle-ci est tout d'abord curetée afin d'éviter que l'arbre ne pourrisse, puis elle est recouverte d'un produit non rétractable. Cette «écorce artificielle» joue alors un rôle de protection vis-à-vis de l'extérieur. De nombreux arbres bisontins ont été soignés par cette méthode. Vous pouvez les rencontrer le long du quai Vieil-Picard, au parc Micaud ou à la promenade Chamars, par exemple. Le service des Espaces verts, sportifs et forestiers de la Ville, a édité une plaquette «L'Avenir des arbres de Besançon», disponible à la mairie, rue Mégevand, ou à l'Apieu, porte Rivotte.
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