Selon l'Ordre des médecins plus de 9500 personnes sont en attente d'une greffe chaque année en France. En 2001, 3325 d'entre elles ont pu en bénéficier et 239 malades sont décédés faute d'organes disponibles. «Le don d'organes est toujours insuffisant en France» confir-me la présidente de l'Association pour le don d'organes et de tissus humains (Adot), Anne-Marie Amilhat. Cette insuffisance serait due à plusieurs facteurs. «Les gens sont mal informés, c'est une des raisons», explique-t-elle. «La France était en avance dans ce domaine il y a 25 ans indique de son côté Claude Jeannin, de l'Association Don d'organes du Doubs. Aujourd'hui elle est en queue de peloton. A l'inverse d'un pays comme l'Espagne qui a fait des efforts considérables, notamment dans l'information, et qui est très performante aujourd'hui».
Quelques légendes influenceraient aussi les futurs donneurs. Selon Renée Waissman, sociologue et auteur d'«Analyse des acceptations et des refus du don d'organes ; une étude de cas en France», la croyance en un marché des organes serait toujours présente. Analyse que confirme «l'influence des récits faisant état de trafic d'organes en Amérique du Nord en vue de prélever des organes sur des touristes de passage».
Les statistiques de l'Etablissement français des greffes vont dans le même sens. De 1992 à 1994 il y aurait eu un déficit de 10 % par année du nombre de prélèvements sur des personnes en état de mort cérébrale. L'affaire d'Amiens (1992), où les médecins auraient prélevé les yeux d'un jeune patient alors que les parents n'auraient autorisé que le prélèvement du coeur, du foie et des reins, serait une cause de ce déficit. Anne-Marie Amilhat souligne tout de même l'évolution des mentalités depuis 12 ans. La procédure en France a également des effets néfastes : une personne est considérée consentante si elle n'a pas manifesté son refus de son vivant. Pour le savoir, les médecins s'adressent aux proches. «Mais comme c'est un sujet que peu de gens évoquent, ces derniers ont l'impression qu'on leur demande leur avis et ont tendance à dire non, souligne Claude Jeannin. D'autant que cela se passe souvent dans un moment délicat». Pour cette raison, avoir une carte de donneur sur soi demeure la meilleure solution.
Informer les gens, surtout les jeunes, sur le don d'organes est l'objectif de l'Adot. «L'information est importante. Elle doit circuler par les jeunes qui sont plus ouverts que les adultes», précise la présidente. L'Adot organise des séances d'information dans les écoles. «Ces rencontres sont toujours bénéfiques. Les jeunes, même s'ils se sentent souvent loin de leur propre mort, sont sensibilisés à ce don et en discutent ensuite avec leur famille», explique-t-elle, soulignant l'importance pour les jeunes de s'informer et de parler de leur décision avec leurs proches. «Après tout, il s'agit de leur corps».
Vicky Langevin
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