septembre 2016

Insectes prometteurs d’avenir

On en parle de plus en plus comme solution nutritionnelle et ils ont d’autres atouts. Luc Herrmann est l’un des premiers français à créer une entreprise d’élevage, basée à Rioz.
Photo Laurent Cheviet
Insectes prometteurs d’avenir

  • commentercommenter
  • envoyerenvoyer
  • imprimerimprimer
  • caractèrePLUSMOINS
Parler d’avenir lorsqu’on évoque la nourriture à base d’insectes n’est pas tout à fait exact. «C’est une habitude traditionnelle partout dans le monde sauf dans le mode de vie occidental. Mais à une époque, c’était aussi le cas en Europe». Luc Herrmann s’intéresse de près au sujet depuis une dizaine d’années. Il est sur le point d’inaugurer Agri bug’z à Rioz, accueilli par l’hôtel d’entreprises de la communauté de communes. «Il s’agit d’élever et reproduire des insectes de manière autonome et intelligente». Son entreprise est dédiée à l’élevage du ténébrion meunier, un coléoptère commun.
Un exemple rare en France. Parmi les raisons, une législation qui tarde à adopter les normes nécessaires. «Pour l’instant, et au moins jusqu’à début 2017, le fait de manger des insectes n’est pas légiféré en Europe. On se trouve dans un domaine flou, ni légal, ni illégal, avec une tolérance dans certains pays». La nourriture pour humains est la plus spectaculaire des perspectives liées à l’élevage d’insectes. Les solutions qu’elle apporte sont de plus en plus évoquées : nourriture abondante, riche, de qualité et moins polluante que la production de viande animale, élevage qui demande moins d’espace, meilleur rendement. «C’est même plus digeste que la viande traditionnel et le goût est bon signale Luc Herrmann. Quant à l’effet répulsif, il peut être contourné par la fabrication de farines, de galettes, de nuggets ou par l’insertion dans des préparations culinaires».

 
 Recyclage
   des déchets 


Si Luc Herrmann est prêt à lancer Agri bug'z, ce n’est pour l’instant pas dans le domaine de la nourriture humaine - en attendant l’évolution de la législation : il va commencer par produire pour la consommation animale, pour les éleveurs, les zoos ou encore les propriétaires de nouveaux animaux de compagnie. Il a fait d’une passion («toute ma passion pour l’observation des insectes découle de la pêche  à la mouche que je pratiquais tout petit») une reconversion professionnelle, passant par un bac pro gestion des installations agricoles, un hébergement à l’incubateur d’entreprises de Besançon entre juin 2014 et juin 2016, un tour d’Europe à la rencontre de spécialistes, des stages à la Citadelle de Besançon . Il a obtenu un certificat de capacité à l’élevage d’animaux non domestiques pour le ténébrion meunier mais aussi le criquet migrateur, le ver géant et le grillon domestique, quatre insectes aux intérêts nutritifs avérés. «Je préfère les insectes locaux pour éviter de polluer la biodiversité». Pour évaluer les perspectives de développement, il suit de près les pratiques, les évolutions technologiques et législatives.
Mais tout est à inventer. Son mode d’élevage, Luc Herrmann l’a conçu en s’installant dans un hangar et en utilisant des containers hermétiques de la marine. Il a déposé 2 brevets, dont un système de tri des insectes logique mais auquel personne n’avait semble-t-il pensé (secret de production). L’autre est un système qui permet à chacun de constituer sa propre ferme d’élevage. Mais l'insecte-nourriture n'est peut-être pas la perspective la plus révolutionnaire. Comme d'autres, Luc Herrmann s’est aussi lancé dans la recherche : une collaboration avec le labo chronoenvironnement de l’Université au sujet de la valorisation des déchets par les insectes. «Certains insectes auraient des propriétés étonnantes comme celle de consommer le plastique…»

 
 Une filière
   à créer


En tenant compte du respect des normes, le nombre d’éleveurs en France serait de moins d’une dizaine. «Il existe une demande croissante pour laquelle il reste à organiser une filière en France. D’autres pays comme la Hollande sont plus avancés». La nouveauté rend les gens «frileux, y compris les agriculteurs» estime-t-il. «Il nous faut communiquer,  montrer que l’on est sérieux et que l’on construit une filière propre».
Pour cette raison, il prend son temps et commence son élevage avec un seul type d’insecte, estimant pouvoir atteindre une production de 40 tonnes d’ici 5 ans. Du côté des institutions, la conviction semble plus avancée. Outre l’aide à l’installation de jeune agriculteur, Agri bug’z a reçu des appuis des collectivités. Indice significatif : «je n’ai pas eu à prospecter du côté des banques. Ce sont elles qui m’appelaient avec des offres avantageuses».

Stéphane Paris



En savoir plus
Agri bug’z
2 rue Alfred Nobel
zone Technova
70190 Rioz
0630920899
biobugz.fr

ffpidi.org

Législation
En France, la consommation d’insectes est pour l’instant illégale. Début 2015, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a émis un rapport soulignant le manque d’études scientifiques concernant les risques sanitaires liés à leur élevage, leur transformation et leur consommation. Risques évoqués : les allergies, les substances toxiques fabriquées par certains insectes (venin) ou emmagasinées dans les organismes (pesticides, métaux lourds…), leurs parasites. Cependant, 2,5 milliards d’humains se nourrissent régulièrement d’insectes. Environ 1500 espèces sont directement consommables par l’homme.



Retour

Commentaires

Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.

Se connecter S'inscrire

articles

express

Tabac et environnement


novembre 2024
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la production annuelle de gaz à effet de serre par l’industrie du tabac s’élève à 84 mégatonnes d’équivalent dioxyde de carbone, soit 1/5e de de celle de l’industrie du transport aérien. Elle correspond au lancement de 280 000 fusées. Elle utilise également 22 milliards de tonnes d’eau. Son impact sur le changement climatique n’est donc pas négligeable. D'après l'organisme, « les produits du tabac représentent les principaux déchets sur la planète, et contiennent plus de 7000 produits chimiques toxiques, qui pénètrent dans notre environnement lorsqu’ils sont jetés. Environ 4500 milliards de filtres à cigarettes polluent océans, fleuves, trottoirs, parcs, sols et plages chaque année ». Finalement, fumer a plus d’impact négatif sur la planète que manger de la viande rouge.

Pitch your project 2024


septembre 2024
Un concours ouvert aux 16 - 29 ans destiné à renforcer l’attractivité et de développement durable de la région alpine. Il s'agit d'avoir une idée pour les Alpes et de vouloir la concrétiser et échanger avec des jeunes de toute la région alpine. Quatre thèmes sont proposés : gestion durable de l'eau, économie circulaire, participation des jeunes, mobilité. Ce concours peut être réalisé individuellement ou en groupe (projets scolaires, étudiants ou associatifs). Les candidats ayant soumis les cinq meilleurs projets pourront les présenter et les soutenir devant un public international en novembre. Les 3 premiers recevront une dotation de la Région Bourgogne-Franche-Comté de 5000, 3000 et 2000 euros. Au préalable, il faut remplir le formulaire de candidature en ligne avant le 1er octobre.

Maltraitance animale


juillet 2024
3677 : c'est le numéro national lancé par le conseil de la protection animale le 24 juin pour signaler une maltraitance contre les bêtes (négligences, violences physiques, conditions de vie dangereuses, ventes illégales...). Les appelants sont dirigés vers des structures adaptées.

Podcast "Au rythme du Haut-Jura"


mai 2024
Le Parc naturel régional du Haut-Jura lance son podcast « Au rythme du Haut-Jura ». Il propose un décryptage sonore de son territoire et ses richesses naturelles et humaines sur lesquels pèse le spectre des changements globaux tel que le réchauffement climatique. Au fil des rencontres ce podcasts analyse ces patrimoines remarquables, explique leurs enjeux et présente quelques actions mises en place pour les préserver. Pour cette première année, le Parc propose deux séries aux formats distincts : « La forêt » et « Curiosités ».  Elles sont diffusées alternativement selon un rythme d’un épisode par mois. Ce podcast est accessible sur toutes les plateformes d’écoute classiques.

Association écologique et forestière franc-comtoise


mai 2024
Cette association basée à Grandfontaine, à côté de Besançon, a pour but de préserver l’écologie et les forêts à travers des actions de sensibilisation telles que clean walks, buvettes écologiques, plantations d’arbres comme les Petits Fruitiers pour l’avenir installés en novembre 2022. aeeffc.org
Voir tout