Un train de la terre à la lune voilà ce qu'on pourrait rem-plir avec les 580 millions de tonnes de déchets produits chaque année en France ! Certes, les particuliers ne sont pas les principaux responsables : avec 30 millions de tonnes, ils sont loin des 150 MT l'industrie et encore plus des 400 MT que l'agriculture génère à elle seule. Ces chiffres - qu'il faudrait analyser - ne doivent cependant pas occulter la responsabilité des particuliers. Chaque Français émet en moyenne 1 kg par jour d'emballages, papiers, plastiques, verre, piles, boîtes de conserve et tout ce qui se jette pour constituer nos ordures ménagères. Sans compter les déchets dits urbains, ceux liés à l'automobile, les boues de stations d'épuration des eaux usées ou encore ce qu'on appelle les encombrants (appareils électroménagers, meubles...).
Des chiffres dans l'ensemble connus mais face auxquels les prises de conscience sont lentes. Alors que les dépôts d'ordures sauvages sont interdits, il en est dénombré à l'heure actuelle encore 30000 en France. Outre la dégradation des sites et leurs effets peu esthétiques sur le paysage, ils ont des impacts néfastes sur les eaux de surface ou souterraines, sur la faune et la flore et indirectement sur la santé. D'un autre côté, les décharges communales, ces lieux dans lesquels on pouvait -et on peut encore - entasser tout et n'importe quoi sans contrôle sont désormais taxées, ceci pour inciter à leur fermeture. Au début de la décennie, trois études (Doubs, Haute-Saône et Territoire de Belfort) sur les décharges ont été menées en Franche-Comté, sous l'égide du Conseil régional, des Conseils généraux par plusieurs associations régionales de protection de la nature. Leurs conclusions étaient préoccupantes, au moins pour la Haute-Saône et le Doubs : sites laids et mal placés, trop souvent gavés de produits toxiques, polluants des zones hydrologiquement sensibles... Depuis, une prise de conscience a eu lieu. C'est en fait la loi du 13 juillet 92 qui a opéré un changement de pratique en France. Alors qu'auparavant on parlait de responsabilité dans l'élimination, le mot d'ordre est désormais de valoriser. C'est là qu'entre en jeu le particulier, chargé d'effectuer un tri à la source. En effet, «on ne peut pas recycler des déchets en mélange (organiques et non organiques). Dans ce cas ils partent directement à l'incinération, qui reste le mode de traitement le plus cher» explique Jean-Philippe Dameron, chargé de mission à l'Ademe de Franche-Comté (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).
Pourquoi trie-t-on
Au contraire, le tri à la source par les particuliers permet de recycler et réutiliser un certain nombre de matériaux. Ceci implique un changement de mentalité, considérer en gros les déchets non plus comme des déchets, mais comme une matière première. Pas du bronze certes, mais quelque chose d'utile... Par exemple, avec 3 litres d'huiles usagées, on peut regénérer 2 litres d'huile utilisable. Pour les particuliers, trois types de possibilités de tri existent : dans des poubelles différenciées, aux points d'apport volontaire, ces lieux dans les rues où l'on trouve des conteneurs pour le verre, le carton ou l'huile et enfin dans les déchet-teries. En la matière, chaque département n'a pas avancé de la même façon. Beaucoup ont mis en place un «Plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés», mais les disparités sont importantes à l'image de la Franche-Comté : dans le Doubs, on trouve ici ou là (dans le District urbain du Pays de Montbéliard ou le SIORTO regroupant plusieurs communes autour de Roche-lez-Beaupré par exemple) quelques actions ponctuelles.
Dans le Jura, site-pilote, la pratique de tri est bien rôdée. En Haute-Saône par contre, où l'on ne trouve pour l'instant que trois déchetteries, un Plan départemental a été mis en place par les collectivités. Il prévoit à l'horizon 2002 un réseau de 26 déchetteries fixes et 3 mobiles (des bennes sur camion) pour densifier la couverture de la Haute-Saône. La loi de 1992 suppose qu'à partir de 2002, ne seront admis en décharge que les déchets ultimes, c'est-à-dire ceux qui ne sont plus susceptibles d'être traités dans les conditions techniques et économiques du moment. Décharge n'est d'ailleurs pas le nom exact puisque ces déchets sont nor-inalement enterrés dans ce qu'on appelle des centres d'enfouissement technique. Enfin un autre mixte de traitement complémentaire tend à se développer pour les particuliers : le compostage individuel, qui per-met de réaliser soi-même le recyclage naturel' des déchets végétaux.
Sensibiliser les décideurs
Au niveau national, l'Ademe est chargée d'intervenir pour la mise en oeuvre d'actions visant à traiter et valoriser les déchets et en corollaire celles qui permettent de produire moins de déchets. Plusieurs pistes d'attitudes volontaires en vue de cette réduction sont données par l'agence. Pour les particuliers, il s'agit surtout d'une modification des comportements de consommation, «en évitant les emballages superflus, en privilégiant les produits durables, rechargeables, recyclés, recyclables ou générant moins de déchets». «Pour les citoyens, il y a bien sûr une nouvelle attitude de consommation, une réduction des déchets à la source, mais également une pression à exercer sur les déci-deurs et les industriels» complète Myriam Brenier, directrice de l'Atelier permanent d'initiation à l'environnement urbain de Franche-Comté. L'action sur le tri des déchets peut en effet sembler ridicule à relire les chiffres cités plus haut. A l'heure actuelle, en France, le traitement des déchets n'aboutit au recyclage que pour 6 % des quantités. 4 % sont encore stocké dans des décharges. «Mais, rappel!e Philippe Dameron, les déchets ménagers touchent tout le monde. C'est le domaine où il suffi d'un petit effort de chacun pour qu'il y ait un effet perceptible. Pas seulement au niveau de l'environnemnt :si tous les déchets produits él valorisés, l'économie réalisée vraiment rentable».
Stéphane Paris
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