Réaliser un dessin illustrant un préjugé. Nathan, Aloïs, Sélène, Sylvio n’ont pas mis longtemps à trouver une idée : «on pense dessiner un homme qui exerce le métier de nounou et des parents qui croient s’être trompé de maison en le découvrant. On pense que c’est une situation qui peut déranger certaines personnes». Pour ces 4 élèves de 4e A du collège du Parc à Bletterans (39), il s’agit d’un préjugé. Ils peuvent même l’expliquer : «les gens pensent qu’une femme est plus calme, plus douée pour ça…». Et dans la situation des parents, que feraient-ils ? «Ah oui, on ne sait pas si on confierait notre enfant à un homme…»
Tout n’est pas simple dans le domaine des discriminations et des préjugés. C’est pour aider les élèves à mieux le comprendre que le réseau IJ de Haute-Saône mène depuis 2014 des actions de sensibilisation, désormais étendues à toute la région. Le collège de Bletterans est l’un des établissements participants cette année. Il accueille Rodho (photo 2), dessinateur de presse, qui aide les élèves à réfléchir au sujet à partir de sa spécialité. Rien de tel que d’imaginer une situation et la réaliser pour réfléchir au sujet. «Ne vous préoccupez pas de savoir dessiner ou non rassure Rodho. Des dessins de presse peuvent très bien être faits avec des traits simples. Ce qui compte, c’est l’idée. Essayez de trouver quelque chose d’original. Je ne veux plus voir de dessin d’homme assis devant un match de foot pendant que sa femme est à la cuisine». Soupirs. Quelques collégiens avaient apparemment déjà opté pour l’idée toute faite.
Après avoir défini quelques grands domaines où s’exercent les discriminations (travail, maison, sport…), les élèves planchent par groupes, aidés et conseillés par le dessinateur mais aussi Maricha Genemaux, Clara Sondey et Juliette Müller, respectivement principale adjointe, documentaliste et professeure d’histoire-géo (photo 3). «Faites attention à différencier un préjugé et une discrimination. L’un est une idée que l’on se fait, l’autre une action».
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  Dessiner pour réfléchir
«L’action d’Information jeunesse est bien tombĂ©e car je cherchais justement quelque chose qui pouvait impliquer les Ă©lèves dans ce domaine explique Maricha Genemeaux. Et notamment au sujet des discriminations envers les femmes, car cela implique 50 % de l’humanitĂ©. C’est la première des impostures sociales qui, Ă mes yeux, induit toutes les autres. Je souhaitais Ă©galement des interventions extĂ©rieures venant de personnes pouvant apporter un autre regard que celui de l’Education nationales». Le cĂ´tĂ© ludique, expĂ©rimental apportĂ© par l’intervention de Rodho change les Ă©lèves de leur quotidien. «Le fait de crĂ©er un dessin, ils s’en rappelleront. C’est une petite lumière qu’on allume».Â
«Le fait d’en parler les fait réfléchir estime Juliette Müller. Dans l’ensemble, j’ai l’impression que les choses évoluent. Hier, j’ai travaillé avec eux sur les publicités sexistes. Ils ont conscience que c’est un problème et ils l’identifient assez bien».
S.P.
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