Une nouvelle étape du projet Action Philippe Streit a commencé en ce début d’année : la construction d’un bassin de balnéothérapie accessible aux personnes à mobilité réduite. Un équipement rare en milieu rural qui, à terme, fera partie d’un centre médico-sportif de 1000 m2. On est à Anteuil, commune de 700 habitants entre Baume-les-Dames et Pont-de-Roide. Action Philippe Streit est un projet ambitieux : créer un
« écosystème complet, conciliant » en faveur des personnes en situation de handicap. Le sport et la santé font partie du projet au même titre que le travail, le logement, le transport, la restauration et la culture. Après le centre sportif, la création d’une salle de spectacle est inscrite dans les perspectives. Chacun des équipements est pensé pour être adapté aux handicaps.
« Faire de chaque personne en situation de handicap, un contribuable »
Derrière ce projet, une histoire familiale, dont Bernard Streit (photo 2) est le dépositaire. Ses parents étaient venus s’installer à Anteuil au début des années 50 pour créer une petite entreprise et donner du travail à sa tante paternelle, Jeannette, atteinte de polyomélite. Bernard a repris l’entreprise en 1984 et fait de Delfingen un groupe international. Et c’est lui qui a lancé le projet en hommage à son frère Philippe, porteur d’un handicap mental depuis sa naissance. Avant le décès de Philippe en 2017, Bernard lui a demandé ce qu’il devait faire de son important patrimoine. Réponse de Philippe :
« faire quelque chose pour aider les personnes comme moi ».
En créant l’association, Bernard Streit a ajouté plusieurs idées à celle de
« ne pas laisser des gens sur le bas-côté » : « Je tiens à la ruralité et je trouve trop importante la fracture entre les villes et le monde rural. A Anteuil comme dans de nombreux autres endroits du milieu rural, il n’y a plus rien. Je pense aussi que pour se reconstruire, il faut commencer par travailler. Pour une personne, cela signifie qu’elle est insérée dans la société et non que la société est à son service ».
La phrase clé d’Action Philippe Streit est
« faire de chaque personne en situation de handicap, un contribuable ». L’idée de contribuer comme facteur d’estime de soi est la base du projet. Le travail est donc la base autour de laquelle s’est construite l’association. L’objectif est ambitieux : créer 230 emplois d’ici 2023 avec des postes en majorité occupés par des personnes en situation de handicap. Pour cela, l’idée est d’accueillir des entreprises dans des espaces de travail adaptés. Un projet à 2 millions d’euros.
Vipp & Philippe est la première à s’être installée. Il s'agit d'une entreprise adaptée au service de la relation client. Une dizaine de marques comme Le Bon Coin, Repartim ou Randstad lui sous-traitent les réponses aux mails, appels téléphoniques ou enquêtes de satisfaction. Depuis le mois d’août, une micro-crèche
La Compagnie d’Arthur est également venue s’installer. Le site attend l’implantation de
Kliff, entreprise adaptée de travail temporaire, d’ici la fin de l’année.
« On met le travail au cœur, au point de départ alors qu’ailleurs c’est annexe » estime Magali Postif, directrice générale adjointe de Vipp & Philippe.
Sensibiliser à la bienveillance
Mais l’installation en milieu rural et le public accueilli passent nécessairement par une offre complète. Dès le départ, le projet incluait des initiatives d’aide à la recherche de logement, de mise en place d’un système de transport domicile-travail, de création d’un restaurant d’entreprise, qui pourrait permettre d’embaucher des personnes en situation de handicap mental, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent. En 2022, cet
« écosystème complet » est en bonne voie : outre le centre médico-sportif qui permettra d’optimiser des activités physiques déjà proposées chaque semaine, la création de bureaux pour 80 collaborateurs devrait être finalisée. Le projet séduit. Philippe Croizon, personnalité handicapée qui multiplie les exploits sportifs, est devenu parrain de l’action. Les idées ne manquent pas.
« Nous avons également en tête de créer un atelier d’activité manuelle. Mais tout cela a un coût. Nous sommes soutenus par les collectivités locales. Mais pour compléter l’apport initial, nous avons lancé un appel aux dons relate Magali Postif.
C’est aussi une façon de sensibiliser à la bienveillance vis-à-vis de la différence des uns et des autres ».
S.P.
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