Les tâches des Promeneurs du net sont multiples. La principale est de répondre aux questions des jeunes, avec une disponibilité plus importante que pour les accueils physiques en structure et des possibilités plus poussées de dialogue, en raison de la distance, de l’écran interposé, de l’anonymat plus complet, plus évident. Ce qui permet au second rôle des PdN d’être plus envisageable : repérer les situations de mal-être, de vulnérabilité.
Lors d’une rencontre professionnelle à propos des Neets (1) organisée par l’Association pour le développement de la neuropsycholgie le 23 septembre à Besançon, un intervenant indiquait que les jeunes « invisibles » qui ne sont ni scolarisés ni en formation ni en emploi peuvent être plus accessibles « hors des créneaux habituels. Il y a parfois un besoin de se confier qui peut arriver le soir, le week-end ». L’utilisation excessive des réseaux sociaux peut elle-même être un signe de mal-être.
« Il faut du temps relate Elise Follet-Locatelli, de la Mission locale du Grand Besançon et du réseau des Promeneurs du net du Doubs. Il faut se faire connaître, constituer un réseau car ce sont surtout les jeunes qui se parlent de nous entre eux. Personnellement, j’utilise Facebook, Instagram et un tout petit peu Snapchat pour répondre aux questions. Sur les réseaux, on peut repérer des situations qui nous alertent et les signaler à des assistants sociaux, mêm si c’est vraiment à la marge ».
Le réseau des Promeneurs de la Loire a publié un bilan des pratiques en 2019, à partir de 1150 jeunes connectés principalement via Instagram, Facebook et Snapchat. 44,6 % de leurs demandes concernaient la vie quotidienne et la prévention, 25,8 % des infos pratiques sur une structure, 13,1 % l’accompagnement à un projet, 10,4 % les pratiques numériques et seulement 6,1 % des questions d’ordre personnel.
Le troisième objectif est peut-être plus évident mais aussi plus ardu : contrer les idées fausses qui circulent sur les réseaux et inciter à une pratique bienveillante. Fake news, trolls, harcèlement en ligne ont trouvé un terreau fertile et quasiment sans barrière sur les réseaux. Or, selon certaines études, jusqu’à 10 % des ados de 15 ans ont un usage problématique des réseaux sociaux. Mais militer pour un usage modéré et bienveillant du numérique n’est pas évident. La CAF de la Manche, l’un des premiers départements à avoir lancé les Promeneurs du net, a publié une évaluation du dispositif réalisée par l’Agence Phare en 2019. Elle note, « des effets produits limités sur les jeunes », notamment parce que « la relation en ligne avec les professionnels concerne majoritairement des jeunes déjà familiers de leurs structures et ne permet pas de diversifier le profil des bénéficiaires ». Mais pour ceux qui s’en emparent, le résultat est positif : l’Agence Phare constate une facilitation de l’accès aux professionnels, une sécurisation des interactions par une plus grande confidentialité et une confiance renforcée, une plus grande individualisation des interactions.
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