« C’est un challenge compliqué à tous points de vue, mais la capacité d’apprentissage et la volonté de s’en sortir de ces jeunes nous booste. C’est extraordinaire ! » assure Véronique Sautiere, formatrice à l’Afpa à Migennes. Cette ancienne prof de français accompagne, avec une collègue, une Promo 16 – 18 dédiée aux MNA. A savoir mineurs non accompagnés, autrement dit des jeunes de moins de 18 ans n’ayant pas la nationalité française et séparés de leurs représentants légaux. Autrement dit, des migrants. « Ils ont une épée de Damoclès au-dessus d’eux car il faut qu’à leurs 17 ans ½, quand ils font leur demande de carte de séjour, ils soient en apprentissage ou en formation qualifiante. Or la plupart ne parlent pas français, certains ne savent ni lire, ni écrire ».
Le défi est de taille pour des jeunes au passé lourd, victimes de violences, en danger dans leur pays. « Ils ont préféré risquer leur vie pour venir que de rester. Pour eux, la France, c’est le rêve ». Une Promo 16 – 18, c’est 13 semaines et pour eux, le programme est un peu différent des autres. « On travaille l’apprentissage du français autour de thématiques comme la culture et la citoyenneté. Tout est sujet à apprendre le français en apprenant à vivre en France. Leur apprendre le français en 4 semaines et demi est un défi, mais ils ont tellement envie de trouver leur voie qu’ils se donnent à 100 %. On s’appuie sur leur motivation ».
Cette section de l’Afpa a débuté en 2022. Depuis, 59 jeunes en ont bénéficié. 28 sont en contrat d’apprentissage, 14 en formation qualifiante et 4 ont intégré le système scolaire. L’Afpa n’a pas de nouvelles des autres. « Pour tous ces jeunes, c’est tout sauf l’OQTF (obligation de quitter le territoire français)…».
Véronique Sautiere dit avoir découvert un public « extraordinaire, avec une grande volonté de s’en sortir ». « C’est un public que je ne connaissais que par les médias. Les MNA sont trop associés à la délinquance, ça fait peur aux gens et aux structures ». L’Afpa de Migennes est la seule à accueillir des groupes 100 % MNA. Le premier bilan est positif selon la responsable. « Ça donne une ambiance familiale très chouette qui permet de libérer la parole et d’aborder des choses difficiles. On a un quart de jeunes femmes, certaines sont enceintes ou avec un bébé. Ce sont des cas où l’accompagnement est vraiment important, ne serait-ce que pour faire accepter de confier l’enfant à une crèche ».
S.P.
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