Le commerce équitable rejoint un certain nombre de notions liées au développement durable. N'existe-t-il pas un certain flou autour de ce concept ?
Pour le grand public, c'est probable, même si les choses évoluent positivement ces dernières années. Chez les professionnels et militants qui oeuvrent dans ce secteur, non, car il existe des définitions relativement précises. Le commerce équitable a pour principe de permettre aux petits producteurs des pays du Sud de vivre de leur travail et, à terme, de s'intégrer dans le commerce au niveau mondial. Il s'agit également de favoriser le développement local en créant une école ou un dispensaire, voire de promouvoir la citoyenneté. En parallèle, il respecte un certain nombre de critères éthiques (conditions de travail, ...). Généralement, il élimine bien des intermédiaires que l'on trouve dans le commerce classique pour permettre de diminuer les marges liées. Au-delà de l'économie, le commerce équitable est associé à un certain nombre de considérations sociales et environnementales. C'est la raison pour laquelle il s'inscrit dans le développement durable. A noter également que le commerce équitable est indissociable d'activités de sensibilisation des citoyens des pays du Nord.
Cela répond donc à des notions précises. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, commerce équitable et commerce éthique ne sont par exemple pas la même chose.
Le commerce éthique est moins exigeant que le commerce équitable. On pourrait dire qu'il représente une étape préalable dans le passage au commerce équitable. Ce dernier est un label : pour être étiqueté "commerce équitable", un produit doit être labellisé par une organisation reconnue. Le problème est qu'à l'heure actuelle plusieurs labels coexistent, proposés par des structures privées, généralement associatives. Mais il n'y a pas de norme unique, édictée par les pouvoirs publics. L'Etat français a engagé une réflexion en ce sens, mais la démarche n'a pas encore abouti. En France, deux grands collectifs rassemblent les principaux acteurs du commerce équitable : Minga et la Plate-forme pour le commerce équitable.
Les produits ne sont-ils pas insuffisamment visibles et faciles à trouver ?
De ce point de vue, il existe un débat avec deux positions : certains considèrent qu'il faut rester en dehors de la grande distribution pour ne pas entrer dans des logiques contraires à l'éthique du commerce équitable. D'autres, au contraire, pensent qu'il faut investir la grande distribution afin d'aller à la rencontre du grand public.
Le commerce équitable est une vieille idée dont on entend beaucoup parler en ce moment. Mais est-elle vraiment répandue parmi les consommateurs ?
Artisans du monde a commandé des enquêtes Ipsos sur ce sujet. A quelques années d'écart, il s'avère qu'en France, beaucoup plus de gens ont entendu parlé du commerce équitable. De mémoire, le pourcentage est passé de près de 10% en 2000, à plus de 55% en 2004. Il y a donc une progression dans la sensibilisation du grand public. Et cette progression continue, même si on n'en est pas encore au niveau de certains pays comme la Suisse. L'intérêt est de montrer aux gens qu'un autre type de commerce est possible même si le commerce international ne deviendra jamais équitable dans son ensemble.
Il y a une question de prix et de diversité des produits…
Les produits sont dans l'ensemble un peu plus chers, c'est vrai. Mais si l'on regarde à qualité égale, ce n'est pas forcément la réalité. Dans la distribution traditionnelle, un café d'une qualité comparable à ceux du commerce équitable a un prix équivalent à ces derniers, voire supérieur. Quant à la diversité des produits issus du commerce équitable, elle reste encore limitée, du fait de l'exigence des critères du commerce équitable. Cela dit, la diversité augmente. On trouve des objets artisanaux, des vêtements, des jus de fruits. Mais il est sûr qu'on ne peut vivre exclusivement avec des produits du commerce équitable.
Recueilli par S.P.
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