«Benoît Hamon décide que les fans de Jul ne seront pas éligibles au revenu universel». «Les djihadistes prénommés Kevin seront punis plus sévèrement que les autres». Ces informations vous paraissent-elles fausses ? Effectivement, ce genre d’affirmations circulant sur le net est tellement invraisemblable que personne n’y croit. Elles émanent de sites parodiques, qui se déclarent comme tel, adoptant un ton humoristique à ne surtout pas prendre au sérieux. Mais certaines "intox" prennent délibérément le ton, l’apparence, le style d’infos exactes et vérifiées. Parfois de manière tellement subtile que démêler le vrai du faux est difficile. Exemples aussi faux que les précédents, mais un peu plus crédibles : «les Femen sont subventionnées par la mairie de Paris», «un migrant reçoit plus d’argent qu’un retraité français». Ce n’est pas nouveau mais internet amplifie le phénomène, en permettant aux rumeurs de se propager très rapidement.
«Pour croire à certaines intox, il faut être vraiment idiot. Mais pour d’autres, il faut un minimum de culture, de connaissances et de curiosité pour ne pas se laisser manipuler» pense Antoine. Ce lycéen dolois du CAVL (1) de l’académie de Besançon, a participé avec une trentaine d’autres jeunes élus à un séminaire en partie centré sur "la pratique responsable des médias". Du 13 au 15 février derniers, ils ont notamment abordé avec des professionnels la question de la désinformation. Un sujet dans l’air du temps depuis les attentats terroristes et la radicalisation de certains jeunes désorientés par une propagande efficace.
«Il y a actuellement beaucoup de productions autour de ces notions d'éducation aux médias confirme Christine Monnin, déléguée académique à la vie lycéenne. Il y a aussi la notion de liberté d’expression à défendre, mais en l’encadrant, car liberté d’expression ne signifie pas pouvoir dire tout ce que l’on veut. L’objectif est aussi que les élus du CAVL créent une dynamique dans leurs établissements et encouragent la création de médias lycéens». En attendant, le séminaire a porté ses fruits, selon Justine, 16 ans, originaire de Belfort : «l’atelier m’a plu car j’ai compris qu’il y avait différents moyens de vérifier des infos. Alors qu’il y a peu, j’ai vraiment cru à la rumeur de la mort imminente du rappeur Lil Wayne». Antoine pense cependant que la majorité des jeunes ne sont pas dupes de ce qui circule sur les réseaux sociaux. «Donner de l'intérêt aux théories du complot est asse commun, mais y croire dur comme fer, c'est autre chose. Je ne pense pas que beaucoup de jeunes pensent vraiment que le monde va être dirigé par les illuminati».
Camille Billard, Nils Ossette, William Molle, Corentin Nannini
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