Les quelques responsables de mouvements rencontrés au cours de l'élaboration de ce dossier se défendent bien entendu tous d'être une secte. Parmi leurs arguments, quelques points communs : ils se disent ouverts, chacun peut venir les rencontrer, les adhérents au mouvement restent libres de leurs choix et de leurs actes et s'il y a manipulation ce ne serait pas plus que dans d'autres secteurs de la société - sans compter le retournement d'accusation contre ta société qui serait elle-même manipulatrice et sectaire puisqu'elle refuse un certain nombre de mouvements. Cités en exemples, les manipula-tions de la publicité et du marketing. Réponse intéressante du psychiatre Michel Monroy sur le sujet : «Il y a plusieurs dif-férences : d'abord la transparence. La publicité révèle ce qu'elle veut vous vendre ; avec les sectes, ce qu'on va vous demander n'est pas révélé au premier abord. Ensuite la durée et l'emprise. La publicité veut vous vendre un objet en échange d'une somme d'argent précise, ce n'est pas l'ensemble de votre vie qui est visé de façon durable. Et lorsque vous achetez, la transparence est totale. Il n'y a pas non plus de référence à l'irrationnel». Sagissant de l'embrigadement, les mouvements rencontrés ne reconnaissent pas du tout ce mot, donnant le contre-exemple d'associations sportives, caritatives ou de partis politiques auxquels les adhérents consacrent du temps et de l'argent sans
qu'ils soient pour autant considérés comme sectes. Michel Monroy souligne une différence : «dans les cas cités, même si l'engagement peut être très fort, il n'empêche des choix affectifs et politiques hors du mouvement». Sur cette question, le CCMM fournit quelques observations établissant les différences entre sectes et autres mouvements associatifs : la ligne de partage est celle qui sépare les certitudes péremptoires (revendication de posséder l'absolu, rejet et intolérance, certitudes à imposer, éthique dominée par l'allégeance, endoctrinement par matraquage, initiation visant l'asservis-sement, critiques interdites...) et convictions (tolérance, doctrine affichée, croyance à proposer et non à imposer, domaine de croyance limité, critiques possibles...), l'embrigadement (masques séducteurs pour recruter, rupture avec l'environnement, exploitation dissimulée, irréversibilité...) et l'engagement (transparence, contrôle démocratique, choix réversibles, coûts connus, pas de rupture radicale...), le modelage (transformation globale à l'usage exclusif du groupe, déstabilisation, reniement des valeurs d'origine...) et l'apprentissage (qui respecte les valeurs et la personnalité initiale), la soumission aveugle (adhésion inconditionnelle, culte d'une personnalité omnisciente, obéissance...) et la loyauté au groupe (autorité par contrat et élection, diversité respectée, droit de critique, dialogue...).
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