Hôp hop hop est l’un des tiers-lieux les plus connus de la région et sans doute le plus important en terme de taille. Ce collectif de professionnels de toutes sortes est né en 2018 dans les bâtiments inoccupés de l’Arsenal au centre-ville de Besançon. Depuis, le lieu a grandi et trouvé sa place. Les 2000 m2 mis à disposition temporaire par le CHU sont occupés par 60 résidents, avec une liste d’attente équivalente, mais aussi une recyclerie, des salles polyvalentes, un café associatif… En échange d’espaces de travail à tarif modique, les résidents participent au projet et contribuent à l’animation des événements organisés et à la vie du lieu qui est bien plus qu’un espace de coworking. « C’est vrai qu’il y a une certaine réputation accordent Anna et Lucile, toutes deux coordinatrices. Le lieu est identifié. On reçoit régulièrement des visites d’élus, de porteurs de projets et même de classes de lycée. Nous-mêmes avons fait de nombreuses visites pour voir ce qui se pratique ailleurs. Il est important de ressentir l’ambiance. Le retour d’expérience est inspirant et nourrissant. » C’est un peu la philosophie des tiers-lieux. L’effet de mode actuel joue sûrement aussi. Anna et Lucile ont d’ailleurs été sollicitées par le Grand Besançon pour une étude sur les tiers-lieux, une réflexion sur la manière de les faire essaimer à partir de leur expérience. « Toutes les communes semblent avoir envie d’en avoir un sur leur territoire ! »
Chaque tiers-lieu est unique
Mais elles adoptent le terme tiers-lieu à demi-mot. « Il y a un côté enfermant. Notre point de vue, c’est que chaque lieu est unique, a son état d’esprit et crée son modèle, même en s’inspirant. Il faut garder de la flexibilité et de la spontanéité. On préfère dire lieu infini, concept lié à des collectifs d’architectes qu’on suit, issu de la biennale d’architecture de Venise ». Définition : « Les lieux infinis sont des lieux pionniers qui explorent et expérimentent des processus collectifs pour habiter le monde et construire des communs. Des lieux ouverts, possibles, non finis, qui instaurent des espaces de liberté où se cherchent des alternatives ».
Architectes urbanistes, Anna et Lucile rappellent que le projet était avant tout « une réappropriation de la ville, une autre manière de la penser ». Hôp hop hop reste cependant tiers-lieu par bien des aspects. Il est alternatif, collaboratif, mouvant, ouvert, souple, générateur d’échange et de partage, horizontal. Pas de décision autre que collégiale, pas de hiérarchie. « Le lieu est géré par les usagers, c’est un point important en termes de gouvernance. Il y a deux collectifs avec une équipe de coordination pour débattre et discuter des règles ».
Anna et Lucile faisaient partie des 5 personnes à l’origine du projet. Cinq après, elles se rappellent que « globalement, c’est ce qu’on voulait faire. L’idée était d’ouvrir un espace et de voir ce qui allait se passer. Mais on a été un peu dépassé par la façon dont ça a marché. On ne pensait pas que les espaces se rempliraient aussi vite. On n’avait pas forcément prévu qu’il y aurait une bibliothèque, un labo photo ». Preuve que l’appropriation des lieux par les occupants est effective. Elles sont satisfaites de voir le lieu reconnu comme espace culturel. Elles viennent d’apprendre qu’il est l’un des 5 lieux bisontins les plus fréquentés.
Elles n’avaient pas prévu que le temporaire allait durer. Même si une prolongation est en discussion, l’installation n’est pas prévue. Le lieu appartient toujours au CHU. « On n’est pas forcément voué à rester ici. On ira ailleurs, pour réinventer le projet ». Sur le site, on trouve une forme de devise : Laissons faire les choses, pour qu’advienne l’inattendu !
S.P.
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