La Franche-Comté est la région française la plus riche en chauves-souris avec 29 espèces présentes sur les 36 recensées sur le territoire métropolitain. Cette importante diversité vient de la cohabitation entre espèces du Nord et espèces du Sud, fait unique dans le pays. Depuis 2007, l'ensemble des espèces présentes en France, leurs sites de reproduction et leurs aires de repos sont protégés par un arrêté ministériel. Dans la région, 2 réserves naturelles nationales et 7 réserves naturelles régionales de chiroptères ont pu être mises en protection. Malgré tout, l'animal reste en danger d'extinction.
La palme de la discrétion
Florie Girardot, conservatrice des réserves naturelles nationales de chauves-souris en Franche-Comté au CPEPESC, explique que la principale problématique est liée à la méconnaissance de l'animal. « On travaille beaucoup sur la sensibilisation, beaucoup d'idées reçues sont difficiles à déconstruire. Non, les chauve-souris ne s'emmêlent pas dans les cheveux. Ce sont des légendes qui sont, pour la plupart, complètement fausses. »
Le grand public n'est pas le seul pour qui la chauve-souris demeure un mystère. L'animal, très discret, est difficile à étudier. « C'est compliqué de les suivre. On effectue les comptages en sortie de gîtes car l'objectif est de les déranger le moins possible. En été, elles se regroupent pour faire des petits. Au moindre mouvement de panique dans la colonie, les petits tombent au sol et le taux de mortalité explose. » Des visites de gîtes inopinées aux aménagements de territoires en passant par des gestions forestières et agricoles parfois inadaptées, les menaces qui pèsent sur l'espèce et son habitat sont nombreuses.
A fleur de peau
Le dérèglement climatique a un impact direct sur les chauves-souris au moment de l'hibernation. Au début de l'année, un sauvetage impressionnant a eu lieu à Besançon. Une colonie de 177 pipistrelles a pu être sauvée grâce à l'intervention des équipes de la CPEPESC. Les températures particulièrement douces de cet hiver ont mené à des réveils inhabituels qui « les obligent à puiser dans leurs réserves de graisse, et l’absence d’insectes en cette saison ne leur permet pas de reconstituer ces réserves » explique l'association de protection de la nature. Les chiroptères sont très fragiles et particulièrement sensibles aux maladies. La Minioptère de Schreibers, présente en Franche-Comté, a vu sa population chuter de 60 à 80 % dans les années 2000 suite à une épidémie ayant frappé l'espèce. Le nombre de Minioptères continue de décroître, aujourd'hui encore, au niveau national. Un phénomène que les spécialistes peinent à expliquer. « Des études sont menées mais à ce stade, on a encore que des hypothèses » confie Florie Girardot.
Championne de régulation
« La chauve-souris est un véritable insecticide naturel ! » Toutes les espèces présentes sur le territoire sont insectivores. Sur les 1200 espèces connues sur la planète, seulement 3 sont hématophages (elles se nourrissent du sang des animaux) et elles se trouvent en Amérique du sud. Pas de panique donc, il n'y a pas de vampire en France. Et heureusement car les demoiselles sont insatiables ! En une seule nuit, elles sont capables de manger la moitié de leur poids en insectes. Une aubaine pour les agriculteurs. « Ce pourrait être des millions d'euros de pertes sur les cultures si les populations de chauve-souris venaient à chuter. Des conséquences désastreuses ont déjà été observées dans d'autres pays. » D'autant qu'avec un seul petit par an et un taux de mortalité élevé (60 % des jeunes au cours de la première année), les colonies sont difficiles à reconstruire. Un autre mythe à démentir : les chauves-souris ne pullulent pas, ce ne sont pas des rongeurs. Cette année, pour la 27e édition, les nuits de la chauve-souris auront lieu les 26 et 27 août prochain à travers toute la France. L'occasion de mieux connaître cet animal mystérieux.
Lauriane Noel
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.